Quand on parle le français, le plus naturel est de rejoindre la bibliothèque d'un Institut français (qui dépend d'une ambassade) ou d'une Alliance (au statut associatif, reposant financièrement davantage sur les cours de français proposés). Les deux structures ont pour interlocuteur commun le bureau de l'Institut français à Paris, sous la double tutelle ministérielle des Affaires étrangères et de la Culture, qui leur offre des conseils, des formations et des aides financières pour des projets ciblés, comme la transition vers un modèle tiers-lieu ou, à Bukavu, en RDC, le lancement d'un bibliobus.
Le réseau compte 400 bibliothèques d'Instituts ou Alliances, voire 900 si l'on compte les points de lecture au fond d'une salle de cours. Le Covid ayant entraîné une perte de vitesse dans les cours de langue, certaines bibliothèques ont diminué la voilure, en supprimant par exemple des postes, comme à l'Alliance de Bogota. D'autres se développent, voire se créent, comme la bibliothèque de l'Alliance française de Shenzhen (Chine), adossée à l'université. « Au Mozambique, le centre culturel s'est mis à acquérir de la BD, et cela fonctionne, alors que peu de gens lisent ! L'idée est maintenant de créer un espace jeu vidéo et société en 2024 », donne comme autre exemple Adèle Calzada, l'interlocutrice des bibliothécaires à l'Institut français de Paris.
Pour se porter candidat, il n'y a pas de portail d'emploi commun : chaque établissement publie ses annonces. Avec la possibilité d'être généralement embauché sous deux statuts différents. Le plus courant est agent de droit local, résidant sur le territoire : comme un CDI, mais avec le code du travail du pays et ses rémunérations ajustées au niveau de vie. Fini le coûteux statut d'expatriés, salarié par le ministère des Affaires étrangères.
La voie du VIA
L'autre porte d'entrée est le VIA (volontariat international en administration), accessible aux 18-28 ans. La mission dure entre 6 et 24 mois et n'est pas rémunérée sous la forme d'un salaire (qui permet de cotiser pour la sécurité sociale ou l'assurance chômage), mais d'une indemnité de 773 € par mois, complétée par une indemnité géographique (4 733 € pour l'Afghanistan, 1 300 € en Afrique du Sud, 1 900 € pour l'Espagne, la Chine ou l'Inde, ou encore 4 300 € pour New York).
Autre option : intégrer une bibliothèque municipale ou universitaire locale. « Le salaire était doublé (responsable de quatre bibliothèques universitaires), mais entre la sécurité sociale pour les expatriés, le loyer astronomique et le coût de la vie, la différence à la fin du mois était loin d'être grande », nous raconte une bibliothécaire partie une année en Irlande.
Des profils variés
Profil recherché pour les Instituts et Alliances ? Une formation et une expérience en bibliothèque ne sont pas obligatoires - d'ailleurs, la formation n'existe pas dans tous les pays. « Il faut être capable de gérer une collection et de faire vivre une bibliothèque. L'écueil est de faire primer la collection. Or, la tendance aujourd'hui est de proposer des animations comme des lectures de contes, ou de s'intéresser au manga, qui cartonne partout », avance Adèle Calzada. Dans son annonce publiée en août 2023, l'Alliance française de Bangkok recherchait un futur responsable de sa médiathèque de toute nationalité ayant une « très bonne connaissance des cultures francophones et du monde de l'édition ». La bibliothèque française du Tchad vient d'embaucher en volontariat une éditrice jeunesse. Dans ces bastions de la littérature francophone à l'étranger, tous les métiers du livre, peut-être plus qu'ailleurs, se rejoignent.
