Sous les effets conjugués du développement du numérique, de l’évolution des pratiques culturelles des usagers et de la diversification des missions attribuées aux bibliothèques, le métier de bibliothécaire s’est profondément transformé au cours des dix dernières années. Il n’est plus organisé comme auparavant autour de la gestion matérielle des collections, mais autour de la notion de services à l’usager, où la médiation, la valorisation des ressources, quelle que soit leur nature, tiennent une place prépondérante. Gestionnaire de données, animateur, webmaster, programmateur culturel : au cours de sa carrière, le professionnel sera amené à assumer des fonctions très différentes.

Numérique et médiation.

Métier aux multiples facettes, le rôle du bibliothécaire est aujourd’hui caractérisé par une grande diversité et par une grande polyvalence. Les différentes formations, IUT métiers du livre option documentation, et quelques organismes spécialisés ont fait ces dernières années d’importants efforts pour mieux répondre à ces nouvelles réalités. L’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib), qui assure la formation post-concours des conservateurs de bibliothèque d’Etat, des conservateurs territoriaux et des bibliothécaires d’Etat, a ainsi entrepris une importante réforme de ses enseignements en 2011 pour les rendre plus opérationnels, plus fortement en prise avec le terrain. Le nombre d’heures de cours a reculé de 720 à 500 pour laisser une part plus grande au travail personnel, en particulier à la gestion de projet, tandis que les stages occupent six mois, soit un tiers de la formation. Les enseignements se répartissent entre un premier semestre consacré à la culture générale professionnelle et aux apprentissages fondamentaux (construire une politique documentaire, comprendre le numérique, gérer une équipe), et un second semestre au cours duquel les élèves approfondissent l’une des trois thématiques proposées (le numérique, le patrimoine, les services aux publics). Les cours strictement techniques ont été réduits, voire complètement supprimés, comme dans le cas du catalogage. « La technologie évoluant extrêmement vite, on enseigne un mode d’approche plutôt qu’une technique ou un langage informatique particulier », explique Bertrand Calenge, directeur des études de l’Enssib.

L’apparition du numérique dans l’ensemble des champs d’activité du métier de bibliothécaire et le développement des missions de médiation constituent les principales évolutions du métier. A l’école de bibliothécaires-documentalistes de l’Institut catholique de Paris, qui forme des bibliothécaires-documentalistes et des gestionnaires de l’information, la médiation fait partie depuis longtemps des apprentissages. Mais les enseignements se sont récemment ouverts à sa déclinaison numérique : outils du Web 2.0, blogs, etc. Les aspects technique (numérisation des collections, nouveaux formats de catalogage) et juridique (environnement réglementaire, négociation de droits) se sont également développés. L’Enssib a, de son côté, créé en 2011 un master du document numérique dont l’objectif est de former des spécialistes de l’information numérique. Après une première année en tronc commun avec le mastère sciences de l’information et des bibliothèques, trois spécialités sont proposées pour la deuxième année : « information scientifique et technique » en collaboration avec l’université de Lyon-1, « publication numérique » en lien avec l’université de Paris-13, et « archives numériques », en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France.

La formation continue est, elle aussi, dominée aujourd’hui par le numérique. A Médiadix, le centre régional de formation aux carrières des bibliothèques de la région Ile-de-France rattaché au pôle métiers du livre de l’université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, le sujet est abordé non plus de manière globale comme auparavant, mais sous des aspects très ciblés et concrets. « Aujourd’hui, le numérique est présent dans tous les secteurs de formation : les collections numériques, la médiation numérique, la numérisation des documents », explique Christophe Pavlidès, directeur de Médiadix. Les enseignements techniques demeurent, mais se transforment : les traditionnelles sessions de catalogage font place aux nouveaux formats de description désormais interopérables avec Internet.

Des recrutements sélectifs.

Même si l’essentiel des recrutements en bibliothèque passe par les concours de la fonction publique, le mode de sélection tend à se rapprocher de celui pratiqué dans le secteur privé. En une période de diminution constante des postes, employeurs et candidats se montrent particulièrement soucieux de faire les bons choix. « Les recruteurs étudient en priorité le lieu du stage principal et le projet mené par le candidat pour déterminer si son profil correspond au poste visé », souligne Bertrand Calenge. A l’école de bibliothécaires- documentalistes de l’Institut catholique de Paris, on annonce un taux d’insertion de 80 %, la moitié en bibliothèque, l’autre moitié dans les services de documentation des entreprises. < V. H.
11.10 2013

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