19 août > roman France

Le rideau se lève en 1936. En un temps où certains recherchent l’argent, la gloire et la célébrité. Le premier protagoniste qui entre en scène est un homme avec un cigare. Sam est tiré à quatre épingles, petit et bedonnant. Dans le ghetto de Varsovie, on l’appelait Szmuel Gelbfisz. A Hollywood, tout le monde le connaît sous le nom de Samuel Goldwyn. Cet ancien de la Paramount, qui a monté sa propre structure, a gardé un accent "polak à couper au couteau avec lequel il écorche obstinément, lorsqu’il le prononce, son propre nom".

Il se rend sur le tournage d’un film d’Howard Hawks, long-métrage, dont l’actrice est une gamine de 20 ans qui est déjà apparue trois fois dans un générique. Voici une fille aux épaules larges, aux pommettes rondes, à la blondeur classique. Frances n’est pas du genre à se démonter. Elle vient de Seattle, possède un franc-parler.

Le roman de Mathieu Larnaudie s’autorise des flash-back. Le lecteur découvre Frances bébé. Quand elle va au cinéma avec sa mère, Lillian. Dans les bras de son amant, Clifford Odets, forçat de l’Underwood, qui lui fait si bien l’amour. Ou encore pieds nus sur la plage, quand elle marche les mains dans les poches, d’un pas résolu.

Derrière elle, il arrive que l’on croise Elia Kazan à Broadway ou Judy Garland qui n’arrête pas de renifler… L’écrivain s’est librement inspiré de la vie de Frances Farmer (1913-1970) pour ce portrait de femme insoumise qui riait trop fort. L’auteur de Strangulation (Gallimard 2008, repris en Babel) explique avoir voulu se livrer à "une méditation sur l’image, ou, plus exactement, sur le pouvoir iconique". D’un bout à l’autre, Notre désir est sans remède est porté par son actrice principale. Par une Frances qui a vécu sur le fil du rasoir et a souvent été rattrapée par ses démons. Al. F.

Les dernières
actualités