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Bruce Springsteen : born to write

Bruce Springsteen à l’époque de Born to run, en 1975. - Photo Frank 0Stefanko/Albin Michel

Bruce Springsteen : born to write

Comme son amie Patti Smith et une poignée d’autres rock stars (Leonard Cohen, Bob Dylan, Nick Cave…), Bruce Springsteen se rêvait et se révèle écrivain. Le 27 septembre paraît simultanément dans le monde entier Born to run, son autobiographie, un projet géré à l’américaine, protégé comme un secret d’Etat, événement éditorial et best-seller annoncé.

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Par Jean-Claude Perrier,
Créé le 23.09.2016 à 17h00

L'histoire de Born to run, le best-seller programmé de Bruce Springsteen, à paraître le 27 septembre dans le monde entier, et en France chez Albin Michel, commence en 2009. Ce jour-là, à la mi-temps du Super Bowl, à Tampa, Floride. Bruce Springsteen chante et "parle à tous les Américains", estime Guillaume Dervieux, vice-président d’Albin Michel et grand fan de rock. Il est suivi par 100 millions de téléspectateurs dans le monde entier. Le Boss écrit même un texte sur l’événement, qu’il met sur Internet. La même année paraît Outlaw Pete, un roman graphique pour adolescents illustré par Frank Caruso, d’après un titre de son album Working on a dream. Occasion pour le chanteur, qui n’a jamais caché son attrait pour la littérature (il a revisité, en 1995, Les raisins de la colère de John Steinbeck dans son disque The ghost of Tom Joad, et Tolstoï, Dostoïevski ou Philip Roth figurent dans sa "bibliothèque idéale"), de faire la connaissance de Jonathan Karp, le directeur éditorial de Simon & Schuster.

Pendant sept ans

Ensuite, pendant sept ans, entre deux disques, deux concerts, deux avions, Springsteen continue à gratter du papier en secret, sans penser à ce que deviendra son travail, ni à une publication. Il vient un moment, dans la vie, où un artiste a envie (besoin) de se raconter, surtout lorsqu’il a connu un destin aussi exceptionnel que le sien. Puis le texte, qui a entre-temps pris sa forme première, s’intitule Born to run, titre de son premier album à succès, paru en 1975, arrive chez Simon & Schuster, "sans agent ni enchères", assure Anne Michel, directrice de la littérature étrangère chez Albin Michel. Détenteur des droits mondiaux, le groupe américain, qui a l’habitude de gérer des projets de cette envergure comme les Mémoires de Bob Dylan, ou ceux d’Hillary Clinton, contacte ses agents à l’étranger, chargés de trouver un éditeur par pays, plutôt un "gros", et "sous forme de soumission exclusive", précise Michèle Kanonidis, de La Nouvelle Agence, représentant en France de Simon & Schuster. Procédure assez rare qui s’explique, poursuit-elle, "par la personnalité de l’auteur, le fait qu’il s’agissait d’une autobiographie, que nous avions le texte, et quel texte !".

Top secret

Albin Michel est donc choisi d’un commun accord et accepte le projet, dans l’enthousiasme et la rapidité. Le montant de la transaction reste top secret, comme tout le reste, et chaque intervenant du dossier a dû signer un tas de lettres de confidentialité. Le chanteur, lui, a corrigé son texte, jusqu’aux épreuves. Le livre comportera également un cahier photos, des images inédites et légendées de sa main. Celle de la couverture remonte à l’époque de Born to run. Relu par Anne Michel et Marielou Pierrat, responsable des traductions chez Albin Michel, il a été confié au traducteur Nicolas Richard, fan de rock également et ancien manager de groupes français, donc bon connaisseur de cet univers. Il a eu trois mois pour œuvrer. Chez l’éditeur français, on jubile, et Guillaume Dervieux, se fondant sur son carnet de précommandes, pressent "un des livres les plus importants de l’année pour [eux]". Au-delà, dit-il, la maison aimerait "renouer avec sa tradition rock’n’roll".

Parmi les autres éditeurs embarqués dans l’aventure on relève, outre Simon & Schuster, Mondadori pour l’Italie, Heyne pour l’Allemagne, Hayakawa au Japon, Penguin Random House Spain pour l’Espagne, ou Natur & Kultur pour la Suède, le pays d’Europe où, avec la France, l’auteur-compositeur vend le plus de disques. Espérons que cette fidélité du public français sera récompensée par un petit tour de promotion. Sur scène, The Boss n’a-t-il pas pour habitude de mouiller sa chemise ?

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