"En quelques dizaines d'années nous sommes passés du rôle d'experts en catalogage à celui d'experts en ingénierie culturelle. Comment nous organiser avec ces fonctions élargies ? » C'est ainsi que la présidente de l'Association des directeurs de bibliothèques départementales de prêt, Laëtitia Bontan, a ouvert les 26es journées annuelles qui se déroulaient cette année à Cergy dans le Val-d'Oise les 24, 25 et 26 septembre. Au menu de ces trois jours : quelle évolution pour les métiers et les services, quelles innovations possibles ?
Chaleureusement et efficacement accueillis par toute l'équipe de la BDP du Val-d'Oise qui avait revêtu pour l'occasion des tee-shirts très rouges, les 200 congressistes venus de 62 départements différents ont pu aborder des sujets auxquels les équipes sont confrontées dans leur vie quotidienne : refonte des organigrammes, nouveaux profils et fiches de postes, gestion des ressources humaines... Tout cela dans un contexte de restriction budgétaire qu'il faut gérer au mieux. Selon les résultats d'une enquête (1) coordonnée par Corinne Sonnier, vice-présidente de l'association, 5 BDP sur 35 ont dû se réorganiser entièrement à cause de suppressions de postes ou de non-remplacements. A la tribune, la DRH du conseil général de l'Aisne, Corinne Dubreuil, expliquait qu'une centaine de postes devaient être supprimés au sein des équipes dans les trois ans à venir.
La place de la lecture publique départementale dans la politique a été aussi largement abordée. A la tribune, Véronique Balbo-Bonneval, directrice de la culture et du patrimoine de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, s'étonnait que le magnifique travail des bibliothécaires ne soit pas davantage mis en valeur et passe toujours après le football ou le spectacle vivant. "Il faut que les bibliothèques redeviennent un sujet politique, a-t-elle déclaré. En tant que militante culturelle, je suis persuadée que nous sommes les mieux placés pour répondre aux enjeux actuels de cette société du temps libre et de la formation continue. » Et de proposer que l'on trouve un terme "plus sexy" que "lecture publique". "Pourquoi ne pas faire un concours national pour trouver un nouveau nom ?" demandait avec un brin de malice Alain Duperrier, vice-président de l'ADBDP, en s'adressant aux représentants du ministère de la Culture présents dans la salle.
Quant à Jean-Luc Gautier-Gentès, inspecteur des bibliothèques, il mène une étude pour identifier et évaluer les voies dans lesquelles les BDP s'engagent actuellement. "Réforme territoriale, baisse des moyens, multiplication des BM, essor de la documentation électronique..., disait-il, autant d'éléments qui modifient la donne. Les BDP ne sont pas menacées de disparaître, mais il leur faut s'adapter à de nouvelles structures politico-administratives et entrer en concurrence avec d'autres services du conseil général."
(1) L'intégralité de l'enquête sera mise en ligne dans les jours qui viennent sur le site de l'ADBDP.
