Soulagement, abattement, doutes et interrogations. Les sentiments contradictoires qui animent les salariés de Chapitre reflètent assez bien la situation actuelle de l’enseigne, dans le flou total depuis l’annonce en comité d’entreprise, vendredi 12 avril, des projets de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et de restructuration du réseau (1). C’est par exemple ce qui se passe à Toulouse, où même le directeur ne parvient pas à savoir si le magasin sera maintenu dans le giron de Chapitre ou cédé à des repreneurs étrangers au livre. « Le message de la direction reste obscur, troublé par des décisions difficilement compréhensibles et des discours contradictoires tenus à des interlocuteurs différents », constate Clémence Devincre, élue CGT au CE et libraire chez Arthaud à Grenoble, menacée de fermeture. A la direction générale, c’est surtout la prudence qui domine. « Nous sommes au début du processus d’information et de consultation de nos partenaires sociaux, tout le projet reste donc au conditionnel. » Présenté sommairement via un courrier communiqué à l’ensemble des magasins à l’issue du CE, ce projet, censé endiguer la perte de 16 millions d’euros enregistrée en 2012, prévoit notamment la suppression de 271 postes, soit plus de 20 % des 1 200 emplois, et un plan de redressement qui repose sur trois axes : un volet commercial, qui implique notamment la disparition d’espaces multimédias et l’implantation de corners « bien-être » et de boutiques France Loisirs dans deux tiers des magasins restants ; un volet organisationnel, qui concerne plus particulièrement les services comptabilité et paie ; et un dernier volet, qui reste très vague, relatif à « des opérations financières qui pourraient dégager de nouvelles ressources ». En attendant, et face à ces perspectives incertaines, des projets de reprise émergent, comme à Mont-Saint-Aignan où la famille des fondateurs du magasin a racheté ses parts, ou à Dax, où le directeur, Lionel Sallaberry, travaille sur un projet de rachat. De son côté, François-Régis Sirjacq a envoyé une « lettre d’intention » à la reprise du magasin de Rennes, qu’il a créé, alors qu’à Grenoble élus, salariés et clients se mobilisent afin que la librairie Arthaud perdure. C. Ch.
(1) Voir Livreshebdo.fr du 12.4.2013, et aussi p. 13.