Magasins déserts, étagères vides, personnel épuisé et difficultés d’achalandage. A la veille des fêtes de fin d’année, la plupart des 53 magasins Chapitre, mis en vente le 30 septembre, font grise mine. Pour ne pas aggraver davantage la situation et risquer un étiolement plus profond de la clientèle, Michel Rességuier, à la tête du réseau, a donc choisi d’avancer au 2 décembre la date limite des offres de rachat des librairies, initialement fixée à l’été 2014. « Vu notre situation, la clientèle se détériore rapidement, et cela devient très ennuyeux pour les éventuels repreneurs. Il nous faut donc aller plus vite que prévu », précise le président, qui assure avoir reçu « des marques d’intérêt internes ou externes » pour 51 magasins.
Un autre facteur est venu alimenter cette décision. Les négociations d’augmentation par dix des encours pour approvisionner correctement les magasins en période de Noël, entamées fin octobre avec les distributeurs (1), n’ont toujours pas abouti, notamment avec les groupes Hachette et Interforum, entraînant un blocage des livraisons. « Je ne comprends pas cette position. Toutes les garanties financières, en particulier celles concernant les flux de cash, ont été apportées, à la fois par notre actionnaire Actissia et par les pouvoirs publics, qui ont décidé de nous soutenir », explique Michel Rességuier.
Directement visé, Hachette tient à préciser que « l’expérience de Virgin, qui s’est soldée par une perte considérable pour les éditeurs, montre qu’augmenter les encours juste avant Noël sans apporter de garanties crédibles est une solution vouée à l’échec » (voir également l’entretien avec Arnaud Nourry). Le groupe éditorial pointe également l’attitude de Najafi, le fonds de pension américain propriétaire d’Actissia, qui « n’a pas jugé bon de jouer son rôle d’actionnaire. Or, ce n’est pas aux fournisseurs de se substituer à lui ».
Dans ce contexte tendu, les cessions de magasins Chapitre avancent diversement. Après la signature de Dax, le 30 octobre, repris par son directeur Lionel Sallaberry, Rennes devrait quitter la chaîne début décembre. En revanche, du côté de Grenoble, le projet porté par Jean-Christophe Cantin, son directeur, est au point mort. A l’extérieur de l’enseigne, certains professionnels, libraires et éditeurs, s’intéressent aussi de près aux points de vente. Ainsi, Jean-Marie Aubert, à la tête de la librairie niçoise Masséna, est en « négociation avancée » pour reprendre l’établissement d’Antibes. Et Antoine Gallimard, P-DG de Madrigall, étudie le dossier de deux grandes librairies.
Cécile Charonnat et Clarisse Normand
(1) Voir LH 969 du 11.10.2013, p. 26.