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Charleston : la belle histoire éditoriale derrière le phénomène Lucinda Riley

L'auteure de la saga des Sept soeurs (Charleston), Lucinda Riley est morte à l'âge de 53 ans. - Photo Pan Macmillan

Charleston : la belle histoire éditoriale derrière le phénomène Lucinda Riley

En dix ans, Lucinda Riley s’est imposée comme l’une des autrices étrangères les plus vendues en France, et Charleston comme un éditeur établi. A l’occasion de la sortie du dernier tome,  “Atlas, L’histoire de Pa Salt”, retour sur une success story qui a séduit plus de 4 millions de lecteurs dans l'Hexagone.

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Par Pauline Gabinari
Créé le 09.05.2023 à 18h04

Son livre n’était même pas encore sorti qu’il était numéro 1 des ventes sur Amazon. Après deux ans d’attente, l’ultime tome de la saga Les sept sœurs de Lucinda Riley, co-écrit par son fils Harry Whittaker paraît ce jeudi 11 mai. Une sortie simultanée dans 27 pays différents avec un premier tirage de 120 000 exemplaires en France. Mais, au-delà d’une histoire vendue plus de 50 millions de fois à travers le monde, Les sept sœurs sont aussi le reflet d’un véritable succès éditorial, celui de Charleston, la maison française de la saga.

L’incroyable maison de La Croix-Valmer

Tout commence en 2013. A cette époque, Karine Bailly, éditrice chez First, habite à New York. Pendant son temps libre, elle écume les rayonnages des librairies et découvre le genre encore peu connu en France de “la women’s fiction” : des romans écrits par des femmes et dont l’histoire s'articule autour d’un personnage central féminin. Pour l’éditrice, c’est un vrai coup de cœur. A tel point qu'elle décide de créer une maison d’édition française dédiée à ce genre, qu'elle nomme Charleston. 

Un an à peine après la création de sa maison, elle découvre Lucinda Riley. Mais l'autrice irlandaise, déjà reconnue dans le monde anglo-saxon, est publiée en France par un autre éditeur. Sans se démonter, Karine Bailly la contacte directement via son site Web, lui avouant être littéralement tombée sous le charme de son écriture. L’audace paie. Le jour même, elle reçoit en guise de réponse : “Nous sommes à La Croix-Valmer (en France, dans le Var, où Lucinda Riley a une maison, ndlr), rencontrons-nous.” Sentant l’aubaine, Karine Bailly saute immédiatement dans un avion. “Quand Lucinda a rencontré Karine, elle lui a tout de suite parlé de cette idée de saga en sept tomes, raconte Danaé Tourrand, directrice éditoriale chez Charleston et Leduc. Avec un projet pareil, c’était très important pour elle de trouver des éditeurs sur lesquels elle pourrait compter.” L’entrevue durera une journée, le temps de sceller un contrat de plus de dix ans.

“Nous avons grandi ensemble”

La saga des Sept sœurs se construit autour d’une énigme. À la mort de leur père adoptif, sept sœurs se retrouvent dans un château sur les bords du lac Léman. En guise d'héritage, elles reçoivent plusieurs indices qui leur permettront de partir à la recherche de leurs origines. Retraçant l’histoire de Maia, le premier tome paraît en France en 2015. “A l’époque, nous avons écoulé plus de 32 000 exemplaires tous formats confondus, un joli succès, même si on était loin de ses ventes actuelles”, précise Danaé Tourrand. Cette réussite grandit ensuite à raison d’un livre par an.

Harry Whittaker
Harry Whittaker, fils de Lucinda Riley, cosigne le dernier opus de la saga les Sept soeurs- Photo SQUARE

De son côté, l’écrivaine vit au rythme de ses publications, enchaînant les rencontres en France et à l’international.  “Lucinda est toujours restée très proche de ses lecteurs. Je me rappelle notamment d’un événement où elle avait dansé le tango avec les blogueuses que nous avions invitées… Un grand moment !”, se souvient Danaé Tourrand. Une cadence que Lucinda Riley ralentit en 2017, quand sa maladie se déclare, mais qui n’affaiblit pas le succès de ses ouvrages. “En dix ans, Lucinda Riley est devenue une autrice incontournable et Charleston, un éditeur établi. Nous avons véritablement grandi ensemble”, insiste Danaé Tourrand, dont la maison fête cette année ses dix ans.

Le défi du dernier tome

Atteinte d’un cancer de l'œsophage, Lucinda Riley décède en juin 2021. Si elle laisse derrière elle une saga inachevée, elle fait en sorte durant les dernières années de sa vie de léguer autant que possible l’histoire à son fils Harry Whittaker. Notes, vocaux, souvenirs de conversations… Harry Whittaker reprend tout pour achever ce dernier tome qu’il avait promis d’écrire à la place de sa mère si celle-ci était amenée à disparaître. Un processus de longue haleine dans lequel il inclut les éditeurs du monde entier. Afin de réussir une parution mondiale, le texte est effectivement traduit en temps réel, au fil de l’écriture de l’histoire. “Toutes les semaines, nous recevions des morceaux de textes à traduire ou des corrections envoyées par d’autres éditeurs”, raconte Danaé Tourrand.

A l’occasion de la sortie de cet ultime tome, une mise en vente événementielle est prévue le 10 mai à 21h à la librairie Albin Michel, à Paris, et un escape game sur l’univers des Sept sœurs est proposé aux librairies, médiathèques et bibliothèques. De quoi faire honneur à la saga sans la clôturer : un projet de série issue de l’histoire est en cours. 

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