Avant-Critique Essai

Tout oppose, a priori, les peintres Fernand Léger (1881-1955) et Pierre Soulages (né en 1919). L'un fut le peintre de la figuration, des corps, un apôtre de la couleur primaire. L'autre, à partir de 1946, a abandonné toute figuration pour l'abstraction la plus exigeante, le noir absolu. Près de quarante ans les séparaient, aussi. Pourtant, dès 1945, lorsque Léger rentre de son exil new-yorkais, ils se rencontrent chez leur galeriste commun, Louis Carré, et entre le maître illustre et le débutant aveyronnais se noue une amitié. En 1952, ils collaboreront pour un spectacle mis en scène à Amboise à l'occasion du cinq centième anniversaire de la naissance de Léonard de Vinci. Dans la présente exposition, un documentaire de 2020 montre Pierre Soulages, dont la parole est rare, se souvenir de cette rencontre, de cette relation, paradoxale mais réelle. Il était donc cohérent que ce soit le musée Soulages, à Rodez, qui accueille cette grande exposition Fernand Léger, sous-titrée « La vie à bras-le-corps ». Laquelle présente quatre-vingt-six œuvres, depuis un autoportrait de 1906 jusqu'à ses derniers tableaux, organisées de façon à la fois chronologique et thématique : la ville, le monde du travail, les loisirs. On y découvrira en particulier les illustrations de Cirque (1950) et de Paris (1959, posthume), deux ouvrages parus chez l'éditeur d'art Tériade. Léger était un homme du livre, comme Soulages. Le présent catalogue le rappelle à point nommé.

Collectif
Fernand Léger : La vie à bras le corps
Gallimard, Musée Soulages
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 32 € ; 224 p.
ISBN: 9782072901942

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