Comment résister à l'emprise d'Amazon?

Le Kindle Touch

Comment résister à l'emprise d'Amazon?

Bill McCoy, directeur exécutif de l'IDPF, a expliqué aux éditeurs français les enjeux des formats dans le livre numérique, que la littérature de genre maîtrise avec une certaine avance par rapport aux autres secteurs.

Par Hervé Hugueny,
avec hh Créé le 15.04.2015 à 23h36

Le marché américain du livre numérique est « kindlelisé », mais cette évolution n'est pas inéluctable en Europe, et notamment en France où le démarrage plus tardif de cette technologie devrait permettre aux autres acteurs de prendre leur place, selon Bill McCoy, directeur exécutif de l'International digital publishing Forum (IDPF), consortium basé aux Etats-Unis et qui définit la norme des fichiers ePub.

En ouverture des conférences de l'après-midi aux Assises du livre numériques organisées par le Syndicat national de l'édition (SNE), il a résumé pour les éditeurs français cinq années de développement fulgurant du livre numérique, poussé par la volonté farouche de Jeff Bezos, patron et fondateur d'Amazon, qui a mis en oeuvre une stratégie très agressive : pour s'emparer du marché, matériel (le Kindle) et contenus (au format propriétaire) ont d'abor été vendus à perte, a insisté Bill Mc Coy.

Le format propriétaire plus dangereux que le piratage

D'où sa défense des formats de fichiers ouvert, sur des spécifications non propriétaires et interopérables entre appareils, que le consortium IDPF développe depuis ses débuts avec l'ePub, qui en est maintenant à sa troisième génération, adaptés aux tablettes tactiles et aux contenus enrichis. Le format propriétaire, si bien mis en oeuvre par Amazon, mais aussi par Apple, d'une certaine façon, est encore plus dangereux que le piratage soutient le directeur de l'IDPF.

Les précédentes versions de l'ePub étaient plutôt pour les liseuses à écran e-ink, une sorte de faux démarrage de livre numérique en raison des possibilités très limitées de cette technologie, estime Bill McCoy, alors que les tablettes offrent des ressources bien plus importantes, et sont dans un univers partagé entre des acteurs plus nombreux.

Des fichiers sans DRM

Intervenant dans une table ronde suivante, les éditeurs de littérature de genre (sentimental, SF, fantasy) ont bien saisi l'enjeu de ne pas s'enfermer dans une technologie propriétaire, et vont même au-delà en commercialisant leurs fichiers sans système de contrôle (DRM) pour une partie d'entre eux.

Si Harlequin les utilise toujours, Bragelone et Le Bélial les ont pour leur part supprimés, et ne s'en portent apparemment pas plus mal. Pour ces deux derniers, le livre numérique représente maintenant environ 4% du chiffre de l'activité, ce qui devient conséquent pour Bragelone, sur une douzaine de millions d'euros de chiffre d'affaires. Pour Harlequin, c'est encore plus important, à 10% du chiffre d'affaires, et plus d'un million d'ebooks vendus en cumul depuis le lancement de cette exploitation par la filiale française.

15.04 2015

Les dernières
actualités