Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Après s’être fait la main pendant trois ans sur les machines à café et les mixeurs haut de gamme, la Fnac se lance dans les lave-linge, lave-vaisselle et autres congélateurs en rachetant Darty. D’une certaine manière, la chaîne créée en 1954 sous forme d’une coopérative d’achat par les anciens trotskistes Max Théret et André Essel revient à ses premières amours pour les produits techniques. Mais alors qu’elle s’est ouverte au disque en 1961 et au livre en 1974, cette acquisition, qui doit encore être validée par l’Autorité de la concurrence, marque un tournant pour "l’agitateur culturel", ainsi projeté dans le vaste océan de la grande distribution généraliste.

Et il va lui falloir nager : c’est loin l’Amazonie. Au-delà des économies d’échelle et des synergies avec Darty, la Fnac a encore fort à faire pour être en mesure d’affronter le géant américain sur son terrain. Bien au-delà des produits culturels et technologiques et de l’électroménager, Amazon propose des vêtements, des produits de beauté, du matériel de jardinage, des pièces et accessoires pour automobiles, des montres et des bijoux, des produits pour bébés ou même de l’épicerie. Après Darty, la Fnac visera-t-elle des enseignes spécialisées dans le sport, le bricolage ou les produits pour animaux ?

Ce ne serait pas illogique pour un groupe qui, sur le long terme, n’a finalement cessé de se diversifier en renonçant à ses singularités pour s’ancrer, avec une ambition de multispécialiste, dans la grande distribution. Mais, comme s’en plaint déjà l’édition américaine à propos d’Amazon, qui utilise volontiers le livre comme simple produit d’appel, il n’est pas très rassurant pour les auteurs et les éditeurs français de voir peu à peu se réduire la part du livre dans le chiffre d’affaires du leader incontesté de leur marché. Peuvent-ils espérer qu’avec Darty la Fnac reprenne aussi, deux ans après son abandon, son fameux "contrat de confiance" ?

13.11 2015

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