22 janvier > Premier roman France

On le sait depuis Roland Barthes (qui ne dédaignait pas les assignations territoriales), "il n’est pays que de l’enfance". Surtout, serait-on tenté d’ajouter, si celle-ci est basque, comme le fut celle de Frédéric Aribit qui, avec son premier roman, Trois langues dans ma bouche, fait de cette enfance d’abord une enfance de l’art.

C’est l’histoire d’une révélation qui tiendrait du prodige païen, de la consolation et du cessez-le-feu. Un homme, jeune encore, s’y penche sur sa compagne secrète, passagère clandestine de sa vie, la langue basque. La langue et les identités fragmentées qui en procèdent. Le mystère de ce pays transfrontalier, entre mer et montagne, de ses sept provinces, de sa diaspora, de sa capacité à faire sans cesse se confondre et se confronter le pays réel et son caractère mythologique. Le mystère puissant de cette langue aussi, dont nul ne sait d’où elle vient, qui ne ressemble à nulle autre et se transmet de toute éternité dans la clandestinité.

Né à Bayonne en 1972, Frédéric Aribit fait partie d’une génération basque qui restait fille du jacobinisme français et de la chape de plomb franquiste. Sa langue maternelle, le plus souvent, on ne la parlait pas. Si cet inaugural Trois langues dans ma bouche est si convaincant, c’est parce qu’il est moins le récit d’un apprentissage linguistique que celui de la façon dont l’identité (ou plus justement, les identités) basque lui est corrélative. Le narrateur s’y souvient de ses grands-parents, de ses camarades de classe plus politisés que lui, de premières amours, de premiers concerts et de premières manifs, des illusions qu’il y laissa. Parti pour faire son coming-out basque, il revient en écrivain. O. M.

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