10 mai > roman Arménie

Alexandre Chirvanzadé- Photo DR/THADDÉEÈ

Le thème n’est pas nouveau. A la mort du patriarche, une famille explose. C’est ce qui arrive après le décès de Markos Alimian. Cet Arménien d’origine modeste est devenu au fil des ans un magnat du pétrole, craint et respecté. Il laisse une immense fortune, un testament, trois fils et une fille. Le premier, Sembat, a épousé une Russe contre la volonté de son père, et les deux autres, Mikaël et Archak, mènent une vie de bâton de chaise. Quant à Martha, elle n’existe que par son mari. L’ouverture du testament s’apparente donc à celle de la boîte de Pandore. Le chaos se répand dans la fratrie et révèle celui de la ville.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

De cet argument somme toute banal, Alexandre Chirvanzadé (1858-1935) a tiré un drame balzacien, très dialogué, qui rappelle que ce romancier très populaire en son temps écrivait aussi des pièces de théâtre. Cette sordide histoire de succession aurait peu d’intérêt s’il n’y avait la verve de l’auteur et surtout sa manière de nous présenter le Bakou de la fin du XIXe siècle, cité pétrolière où l’odeur du rouble se confond avec celle de l’or noir.

Au chaos familial s’ajoute donc le chaos moral dans un empire russe fragilisé, à la veille de la révolution de 1905, dans une ville dont on saisit en filigrane la misère du prolétariat pendant que les Alimian se déchirent en jouant aux cartes et en multipliant les coups bas à Bakou. Avec des règlements de comptes à la Dallas, Chaos, c’est un peu les Ewing en Azerbaïdjan ! C’est en tout cas un grand roman pittoresque, traduit pour la première fois en français, avec des aventuriers arméniens, des truands turcs et un dénouement incendiaire (la couverture est explicite…), histoire de souligner que le cœur de l’action reste alimenté par le pétrole. Laurent Lemire

11.10 2013

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