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Dans les coulisses du Rights Centre du salon du livre de Turin

Le stand de l'agence taïwanaise Grayhawk Agency dans le Rights Centre de Turin - Photo Fabrizio Fiore

Dans les coulisses du Rights Centre du salon du livre de Turin

À l'occasion de la 37e édition du Salone Internazionale del Libro de Turin, plus grand événement italien dédié au livre pour le grand public, le Rights Centre, soutenu par l'Agence italienne pour le commerce extérieur, a accueilli 450 éditeurs, agents littéraires et scouts de 38 pays.

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Par Olivia Snaije
Créé le 18.05.2025 à 21h04

Malgré une mauvaise insonorisation, le Rights Centre est un lieu de rencontre important pour beaucoup d’éditeurs et agents, non seulement pour les cessions de droits, mais aussi pour la consolidation de projets initiés à Londres, dans une ambiance plus détendue que dans la capitale anglaise ou à Francfort. 

Une directrice des droits en provenance d'Allemagne a confié être encore « traumatisée » par son expérience en mars à Londres dans l'International Rights Centre glacial, où une partie du plafond s'est effondrée et où il n'y avait pas de fenêtres. À Turin, des éditeurs du monde entier sont présents, la location d'une table coûte quatre fois moins cher, le lieu est spacieux et lumineux, la nourriture est meilleure, et l'ambiance est détendue, a-t-elle ajouté.

« Nous pouvons tisser des liens et prendre le temps de discuter avec les éditeurs pour savoir ce qu'ils recherchent », a déclaré Jade Fu, du Grayhawk Agency à Taïwan, qui représente des auteurs de plusieurs pays d'Asie. Elle en profite également pour rencontrer ses co-agents, la co-représentation étant la partie la plus importante de leur activité.

42 producteurs présents

Claire Sabatié-Garat, de l'Italian Literary Agency à Milan, a finalisé une cession de droits en anglais initiée à Londres pour Paradiso de Michele Masneri à Foundry Editions, dont l'un des fondateurs, Richard Village, faisait partie du Fellowship comprenant 62 éditeurs (et Mathilde Rimbert pour Netflix) venant d'Europe, mais aussi du Brésil, du Chili, de l'Inde, des États-Unis, de la Chine ou de l'Arabie Saoudite. Deux éditeurs français, Mathilde Azzopardi (Verdier) et Ernest Moret (La Fabrique), étaient également des Fellows.

Selon les éditeurs et agents, la cession de droits pour l'audiovisuel prend une place de plus en plus importante à Turin et, cette année, 42 producteurs étaient présents. L'Italian Literary Agency a reçu des offres dans l'audiovisuel pour Perfection de Vincenzo Latronico, tandis que leur écrivain Antonio Scurati, auteur de la saga romanesque en cinq volumes sur le fascisme et Benito Mussolini, M (Les Arènes), a vu l'adaptation de son premier volume sortir en Italie cette année, produite par Fremantle/Sky et Pathé.

Enchères

C'était la deuxième fois à Turin pour la Française Laurence Laluyaux, directrice et agent littéraire chez RCW à Londres, dont l'agence représente un grand nombre d'auteurs publiés en France, tels qu'Ian McEwan, Zadie Smith, Kazuo Ishiguro, ou László Krasznahorkai (Gallimard), Valeria Luiselli (l'Olivier) ou Donna Tartt (Plon). 

Les éditions Einaudi ont remporté les enchères pour le dernier livre de Valeria Luiselli, intitulé Beginning, Middle, End (Début, milieu, fin). Laurence Laluyaux était à Turin pour vendre des cessions des droits pour plusieurs auteurs, dont les Français Jean-Baptiste Del Amo (Gallimard), pour lequel Feltrinelli vient d'acheter les droits, Jakuta Alikavazovic l'Olivier) avec son roman de la rentrée Au Grand Jamais, Laura Vazquez (Sous-Sol), Prune Antoine (Denoël) et Lola Lafon (Stock). Elle estime que Turin est très utile pour rencontrer des éditeurs indépendants qui ne voyagent pas forcément à Francfort ou Londres, ou pour rencontrer les éditeurs plus juniors qui ne sont souvent pas présents aux grands salons.

Anne Michel, qui dirige le département de littérature étrangère chez Albin Michel, vient à Turin chaque année. Grâce à sa rencontre avec la scout et écrivaine Cristina de Stefano basée en France, Albin Michel a développé une grande liste italienne avec beaucoup de best-sellers dont La goûteuse d’Hitler de Rosella Postorino, vendu à 100 000 exemplaires, a ajouté Anne Michel.

Ambiance détendue

Silvia Ascoli, qui s'occupe des droits étrangers pour Feltrinelli, éditeur de Rosella Postorino, ajoute que le film tiré du roman, sorti il y a quelques mois en Italie (pas encore en France), a relancé les ventes du livre. Un phénomène de plus en plus fréquent, dit-elle, en remarquant le même modèle de succès pour le livre de Viola Ardone, Il treno di bambini (Einaudi), également publié en France par Albin Michel, qui a bénéficié de la sortie d'un film par Cristina Comencini.

Barbara Barbieri Torriani, qui a passé 12 ans à Londres chez l'agence Andrew Nurnberg Associates, a récemment ouvert une succursale de l'agence à Milan. Parmi ses auteurs figurent Donato Carrisi (Calmann-Lévy) et Davide Longo (Le Masque), dont le dernier livre, La donna della mansarda (La femme dans le grenier), est sorti cette année chez Einaudi et dont la série de polars sera adaptée pour une série télévisée de six épisodes. 

Turin est utile pour Barbara Barbieri sur le plan professionnel car « c'est très dynamique et je rencontre des producteurs et des éditeurs internationaux, dans une ambiance détendue. Nous vérifions auprès des éditeurs auxquels nous avons fait des pitch auparavant, nous voyons des scouts, et assistons à des rencontres sur les défis de l'industrie du livre. »

Enfin, comme l'a commenté l'éditeur croate Seid Serdarević, co-fondateur de la maison Fraktura, le Rights Centre de Turin est parfait, car il est très fréquenté, mais pas trop.

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