Décès de Catherine Lépront

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Décès de Catherine Lépront

La romancière est décédée le 19 août à l'âge de 61 ans. Son dernier roman, L'Anglaise, est paru au Seuil en janvier dernier.

Par Catherine Andreucci,
avec ca Créé le 15.04.2015 à 22h43

La romancière Catherine Lépront est morte dimanche 19 août à Paris, à l'âge de 61 ans, des suites d'une grave maladie pulmonaire. Prix Goncourt de la nouvelle en 1992 pour Trois gardiennes (Gallimard), elle avait publié en janvier son dernier roman, L'Anglaise (Seuil). Elle était également conseillère littéraire chez Gallimard, où elle lisait des manuscrits et relisait des traductions pour la collection «Du monde entier».

Née en juin 1951 au Creusot, Catherine Lépront est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, d'abord publiés chez Gallimard (Le tour du domaine, Une rumeur, Le retour de Julie Farnèse, Partie de chasse au bord de la mer, Un geste de dentelle, Le passeur de Loire...). A partir de 1997 et de L'affaire du muséum, tous ses romans ont été publiés au Seuil, dont Le cahier de moleskine noire du délateur Mikhaïl, Namokel, Esther Mésopotamie, Le beau visage de l'ennemi...? C'est chez Gallimard qu'elle a rencontré l'éditeur et écrivain René de Ceccatty, qu'elle a suivi lorsqu'il est passé au Seuil.

Pianiste, issue d'une famille de musiciens et de médecins, elle a également écrit sur la musique: un roman, Le café Zimmermann (Seuil, 2001), un essai Entre le silence et l'oeuvre (Seuil, 2007), et une biographie de Clara Schumann: la vie à quatre mains (Robert Laffont, 1988). Ancienne infirmière libérale, elle s'est inspirée de son expérience pour Des gens du monde (2003), ouvrage qui l'a fait connaître d'un public plus large.

Très influencée par la littérature russe


«Elle a écrit des livres très psychologiques, mais elle dénonçait surtout avec beaucoup de violence et d'humour le pouvoir arbitraire et la veulerie des puissants, souligne son éditeur et ami, René de Ceccaty, joint par Livres Hebdo. Sympathisante socialiste, elle avait besoin d'exprimer son fort engagement politique dans ses livres.»

Très influencée par la littérature russe (Dostoïevski, Tchekov...), l'oeuvre de cette grande lectrice de Faulkner et de Styron est aussi imprégnée par la guerre, celle d'Algérie dans Le beau visage de l'ennemi, la déportation et la guerre d'Indochine dans Namokel...?

Catherine Lépront a également écrit pour le théâtre, des pièces pour Jacques Rosner et Alfredo Arias.

«Elle était très malade depuis de longues années, mais elle n'a jamais voulu écrire là-dessus, explique encore René de Ceccaty. Pour elle, tout passait par la fiction. Elle avait peur, si elle écrivait sur elle-même, de s'apitoyer, de perdre le contrôle littéraire de son style.»

Epouse du philosophe Marc de Launay, elle était proche d'écrivains comme Gilles Leroy ou Antoine Volodine et a permis à ce dernier d'être publié au Seuil.

«Elle était en train d'écrire un roman, dont nous avons parlé il y a deux mois, précise son éditeur. Nous allons voir s'il est dans un état d'achèvement suffisant pour que nous puissions le publier.»

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