Des communautés sous représentées
Encadré
« Il y a une complémentarité des usages de prescription sur le net et dans les médias traditionnels », selon Louis Wiart, chercheur en communication et spécialiste des réseaux sociaux, « notamment parce les livres représentés dans les médias ne sont pas les mêmes que sur les réseaux sociaux, mais aussi parce que les codes de communication diffèrent. » Les littératures dites « de genre », que les grands médias ont souvent eu tendance à sous-représenter, comme la romance (dans laquelle des sous-genres comme la darkromance font particulièrement fureur sur Tiktok), la fantasy, le young adult, prennent beaucoup de place sur les réseaux sociaux. Le Prince cruel de Holly Black, aujourd'hui au top 3 des ventes de livres jeunesse. Patrick Moynot, directeur de la librairie Smith&Son, confirme le phénomène : « Nos bestsellers sont des titres de young adult portés par Tiktok ». C'est d'ailleurs un livre de young adult qui a révélé le phénomène #Booktok et son impact sur les ventes : Le Chant d'Achille de Madeline Miller. Ce titre publié en 2012, a été mis en avant en 2020 sur Tiktok aux États-Unis et a généré 552 000 vues. À l'époque, le roman a été vendu à 10 000 exemplaires. En 2021, 75 000 exemplaires ont été vendus et le chiffre va atteindre les 90 000 exemplaires vendus en 2022. Ces réseaux sociaux, et en particulier Tiktok, mettent aussi en avant des livres autour desquels des sous-communautés se créent. C'est par exemple le cas de communautés LGBT. Les romances qui mettent en scène des personnages non-binaires, comme dans Le Chant d'Achille de Miller, sont très présents sur la plateforme. Pour Tiktok, ces sous-communautés correspondent à des tendances qu'il s'agit d'alimenter. Ces sous-communautés deviennent alors des « niches de marché » sur la plateforme.