En 1994, une colline caillouteuse du sud-est de la Turquie révèle un trésor inestimable : un temple du Néolithique. Il y a douze mille ans, des hommes ont élevé à cet endroit un sanctuaire monumental à l’architecture incomparable avec ces piliers en formes de T que l’on nomme Göbekli Tepe. Le découvreur de ce site exceptionnel s’appelle Klaus Schmidt. Jusqu’à sa mort en 2014, l’archéologue allemand a fouillé cette mine de pierre. Il confie son aventure dans un ouvrage destiné au grand public.
Publié en 2006 en Allemagne, le livre fut un succès. On comprend pourquoi. Le savant a habilement mêlé carnet de voyage et rapport de recherches. Il explique ses interventions sur le terrain, ses tâtonnements, et expose ses hypothèses comme le ferait un enquêteur. "Je n’ai pas eu la prétention d’être exhaustif, mais de transmettre mes connaissances d’une façon attrayante." Le pari est gagné, d’autant que l’ouvrage est impeccablement illustré.
Soyons juste, les "chers lecteurs et lectrices" qu’il apostrophe volontiers ne sont pas privés de données scientifiques. Mais l’ancien professeur à l’université de Heidelberg sait les amener avec simplicité pour évoquer cette culture de l’âge de pierre. Surtout, il avoue quand il ne sait pas. Qui étaient ces chamans devenus prêtres ? Quelle est la signification de leur stupéfiant bestiaire gravé, avec ces sangliers, ces oiseaux, ces serpents ou ces araignées ? En tout cas, il y eut chez ces chasseurs et en ces lieux, sinon une orientation religieuse, au moins une pratique cultuelle organisée. L. L.