Etats-Unis

Donald Trump essaie (encore) d'interdire un livre

Donald Trump et John Bolton

Donald Trump essaie (encore) d'interdire un livre

Le livre de l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton doit paraître cette semaine aux USA. Donald Trump, décrit comme un calculateur au comportement inacceptable, veut, une fois de plus, empêché sa publication. Le gouvernement a porté plainte.

Par Vincy Thomas,
avec Afp, Publishers Weekly Créé le 19.06.2020 à 23h00

The Room Where it Happened  de John Bolton, qui paraît aux Etats-Unis le 23 juin, est le dernier ouvrage polémique sur Donald Trump. L'ancien conseiller à la sécurité nationale de l'administration Trump y révèle notamment que le président aurait demandé de l’aide au président chinois pour sa réélection, donné sa bénédiction aux « camps de concentration » en Chine et accordé des « faveurs » à des autocrates comme Recep Tayyip Erdogan. Il confie aussi les moqueries dont Trump ferait l'objet au sein même de son cabinet et dévoile toutes les ignorances du président, notamment sur l'international. Il décrit "un comportement fondamentalement inacceptable qui érode la légitimité même de la présidence". "J'ai du mal à trouver une seule décision importante de Trump, pendant la durée de mes fonctions, qui n'ait pas été guidée par un calcul en vue de sa réélection" ajoute-t-il.

Le président américain avait brutalement limogé le 10 septembre dernier John Bolton qui était alors l'un de ses principaux conseillers, sur fond de désaccords sur la gestion de plusieurs dossiers sensibles comme la Corée du Nord, l'Iran, l'Afghanistan et la Russie.

Ce portrait très peu flatteur du candidat à sa réélection, fragilisé par l'affaire George Floyd, la crise économique et la mauvaise gestion de la crise sanitaire du Covid-19, a suscité l'ire du locataire de la Maison-Blanche. Donald Trump avait demande l'arrêt de la publication, comme il avaité essayé de le faire avec Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump de Michael Wolff et Unhinged (Déséquilibré) d'Omarosa Manigault.

Poursuites

Le président américain Donald Trump avait prévenu que l'auteur enfreindrait la loi si son livre venait à paraître. Le gouvernement américain a engagé, mardi 16 juin, une action en justice afin de tenter de bloquer la publication du livre, dont la sortie a été repoussée depuis janvier, notamment à cause de la crise sanitaire et des menaces de la Maison-Blanche.

La plainte, déposée auprès d'un tribunal fédéral, argue que le néoconservateur de 71 ans n'a pas fait approuver son texte en amont, et que son ouvrage est ainsi "clairement en violation des accords qu'il a signés comme condition de son emploi et de son accès à des informations hautement classifiées". "Ce que Bolton a vu l'a stupéfait : un président pour qui être réélu est la seule chose qui compte, même si cela signifie mettre en danger ou affaiblir la nation", a rapporté son éditeur Simon & Schuster.

Au passage, le gouvernement glisse dans sa plainte que le conseiller avait "négocié" son récit "pour un montant d'environ deux millions de dollars".

Voué à l'échec

Dans une tribune récente publiée dans le Wall Street Journal, son avocat Charles Cooper écrit que son client a procédé à de multiples réécritures sur demande de la Maison Blanche afin de s'assurer qu'aucune information classifiée ne soit révélée. Charles Cooper ajoute que John Bolton croyait avoir eu en mai l'aval de la Maison Blanche mais n'a jamais reçu de lettre le confirmant.

La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a estimé que "toute tentative de l'administration Trump pour empêcher la parution du livre de John Bolton" était "vouée à l'échec", rappelant une décision de la Cour suprême contre Richard Nixon déclarant inconstitutionnelle la censure gouvernementale. Clairement, la Maison-Blanche aurait demandé à retarder la parution du livre tel qu'il avait été lu par l'administration Trump après l'élection présidentielle. Jamais il n'a s'agit de retirer ou réécrire des extraits. Par ailleurs, le gouvernement porte atteinte à la liberté d'expression et au premier amendement de la Constitution.

L'Union internationale des éditeurs a également réagit en soutenant pleinement l'éditeur américain: "De tels livres méritent d'être publiés" affirme Kristenn Einarsson, président du Comité Liberté de publier de l'UIE et, ajoute-t-il, "John Bolton et Simon & Schuster jouent leur rôle, vital, dans une démocratie qui respecte la liberté de publier" concernant des enjeux d'une importance nationale.

La maison d'édition a déjà imprimé 200000 exemplaires, en cours de distribution.

 

 

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