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Dossier présidentielle : tous candidats

Le Palais de l'Elysée en rénovation au mois d'août 2011. - Photo EDOUARD BERNAUX/GAMMA

Dossier présidentielle : tous candidats

Les éditeurs aussi se préparent à l'élection, en programmant nombre d'essais, de documents, mais également des synthèses historiques, des livres pratiques ou humoristiques, des BD, des romans, des jeux...

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Par Hervé Hugueny
Créé le 06.03.2015 à 20h04 ,
Mis à jour le 23.03.2015 à 11h43

Les éditeurs, comme les candidats, n'ont pas attendu 2012 pour occuper le terrain de la prochaine élection présidentielle, et nombre d'entre eux ont déjà beaucoup publié sur le sujet au cours des derniers mois. Mais la production va connaître son apogée dans les prochaines semaines, afin de répondre à l'intérêt espéré des lecteurs-citoyens pour ce scrutin qui électrise la vie politique française. Au point que les éditeurs habituels d'essais et documents ont souvent préféré aménager leur programmation, en avançant ou reportant les livres extérieurs à ce sujet, et qui risqueraient fort de passer inaperçus (1).

COURSE À L'ATTENTION

Nous avons également adapté notre dossier Documents de l'hiver, en retenant uniquement les 166 ouvrages en rapport avec ce thème, identifiés dans Electre et publiés en janvier, février et mars 2012. Il se publiera heureusement quelques livres sur d'autres questions, déjà traitées ponctuellement dans nos colonnes (2). Les 74 éditeurs engagés dans cette course à l'attention ont bien sûr élargi le champ des genres au-delà de l'analyse politique immédiate, et ont aussi traité de ces présidentielles sous forme de synthèses historiques, livres pratiques, juridiques, humoristiques, ou encore en romans, bandes dessinées ou jeux. Les plus actifs sont Flammarion (15 titres, avec J'ai lu), Grasset (8 titres), Fayard (6 titres, avec Mille et une nuits), Robert Laffont, Plon (6 titres chacun), Actes Sud, éditions du Moment, Fetjaine, Jacob-Duvernet, Lattès, Les Liens qui libèrent, L'Express éditions (4 titres chacun), Seuil (4 titres, avec Points), First, Presses de Sciences-Po (3 titres chacun) ou encore Autrement qui a épluché les engagements des candidats sur 5 thèmes et autant d'ouvrages (l'écologie, l'immigration, la mondialisation, l'argent, les discriminations).

Si le résultat des urnes reflétait la répartition des titres consacrés aux deux candidats attendus au second tour, ce serait sans appel. Le président sortant, que nombre d'auteurs rêvent en sorti, affiche un score écrasant avec une vingtaine de titres annoncés, parmi lesquels on peut citer ll faut qu'il parte (Sébastien Lapaque, Acts Sud), Finissons-en ! Faits & gestes de la présidence Sarkozy (Mediapart-Edwy Plenel, Don Quichotte), 450 milliards : ce que Sarkozy a coûté à la France (Mélanie Delattre, Emmanuel Lévy, Mille et une nuits), Sarkozy : bilan de la casse (collectif, Syllepse), Naissance d'une dictature (Louis-Albert Serrut, La Différence), Le consulat Sarkozy (Dominique Rousseau, Odile Jacob), La justice dévastée (Denis Salas, Les Arènes) parmi les plus virulents. Il s'en trouve de plus neutres : Les politiques publiques sous Sarkozy(Jacques de Maillard, Yves Surel, Presses de Sciences-Po), La métamorphose de Nicolas Sarkozy (Bruno Dive, Jacob-Duvernet), Président candidat (Eric Mandonnet, L'Express éditions), Dr Fillon et Mr Sarkozy (Liliane Delwasse, L'Archipel), ou encore des drolatiques, au premier rang desquels on peut citer la Cinquième chronique du règne de Nicolas Ier (Patrick Rambaud, >Grasset) ou Comment j'ai sauvé le président : farces et attrapes de la Sarkozie (Didier Hassoux et Jean-MichelThénard, Calmann-Lévy), Panique à l'Elysée : politique-fiction (Dominique Paillé, Grasset) ; La vie de famille : chroniques (presque) vraies d'une famille (presque) normale (Jean-François Derec, éditions du Moment), Le P'tit Sarko : boulettes, saillies et autres gaffes ! (Alteau, Jim, Gaston, Jungle), et une sélection de dessins de Plantu, Présidentielles 2012 (Seuil). Thierry Desjardins fait de Dominique de Villepin un anti-Sarkozy providentiel (Villepin, le cauchemar de Sarkozy, Fayard).

Chez Albin Michel, Eric Brunet explique Pourquoi Sarko va gagner, qui trouve un écho dans Cette obscure envie de perdre à gauche (Jean-Philippe Domecq, Denoël) et dans la Chronique d'une défaite annoncée (Gawsewitch), par Anne Mansouret, une des protagonistes des multiples affaires Strauss-Kahn, ex-futur champion de la gauche.

LES MEILLEURES BLAGUES

Sur François Hollande, la programmation apparaît assez inconsistante, avec deux titres tout à fait légers : Le petit Hollande illustré,"sélection de répliques du politique", selon l'éditeur Nouveau monde, et Les meilleures blagues de François Hollande (Jean-Pierre Grouffignard, L'Opportun). Quelques titres ont certes été publiés au moment des primaires socialistes, mais le PS et la gauche s'attirent à peine plus d'intérêt en ce début d'année 2012, contrairement à l'extrême droite et Marine Le Pen, avec 8 titres, dont 3 portraits ou biographies de la présidente du Front national, ainsi qu'une étude sur le parti : Enquête au coeur du nouveau Front national (Sylvain Crépin, Nouveau monde).

Parmi les thèmes de campagne sur lesquels les auteurs livrent une parole souvent engagée, se distingue le couple agité que forment l'identité nationale et l'immigration avec 7 titres (Comment peut-on être français, chroniques de Jean Daniel, Les Belles Lettres ; Etre français aujourd'hui, Pascal Marchand, Pierre Ratinaud, Les liens qui libèrent ; Nouvelles mythologies françaises, Esther Benbassa, même éditeur ; Nous sommes tous la France !, François Durpaire, P. Rey ; Parlons immigration, François Héran, La Documentation française ; Le manifeste de l'immigré,Gaston Kelman, Encre d'Orient ; L'immigration, David d'Equainville, Autrement, à rebours desquels s'inscrit Pour en finir avec l'idéologie anti-raciste dePaul-François Paoli, chez Bourin éditeur). L'économie suscite 5 titres : L'incohérence française, Christian Saint-Etienne, Grasset ; Notre programme pour la France, Les économistes atterrés, Les liens qui libèrent ; Manifeste des protectionnistes éclairés, collectif, même éditeur ; La France doit choisir, Jean-Louis Beffa, Seuil ; Droite contre gauche, Jean-Hervé Lorenzi, Fayard. Cinq titres sont publiés sur l'écologie et l'énergie, et deux sur l'école.

Un certain nombre d'éditeurs traitent cette élection sous la forme du guide et du décryptage de programmes, tel Autrement, précédemment cité, mais aussi First, bien sûr (La politique pour les nuls, Philippe Reinhard), Marabout (La vie politique (enfin) expliquée aux paresseuses, Frédéric Bosc), La Documentation française (France 2012 : les données du débat présidentiel, collectif ; Le président de la République en 30 questions, Isabelle Flahault, Philippe Tronquoy), L'Express éditions (25 débats pour comprendre la présidentielle, Béatrice Mathieu, Emmanuel Lechypre), les éditions du Moment (2012 : les clés de la finale, Gaël Simon). Quant à Berger-Levrault, il saisit même l'occasion de publier deux ouvrages techniques : L'indispensable du bureau de vote et un Code électoral. Deux ouvrages auscultent collectivement les candidats : 2012 : galerie de portraits de présidentiables (Tanguy Pastureau, Michel Lafon) et Présidentielles 2012 : les candidats au banc d'essai (André Bercoff, First).

RECUL HISTORIQUE

Quelques ouvrages prennent du recul historique, dont Les présidents de 1870 à nos jours (Raphaël Piastra, Eyrolles), Les présidents de la République (Vincent Cuvellier, Actes Sud Junior), Les grands débats qui ont fait les élections et Une histoire de la séduction politique (Christian Delporte, Flammarion, pour les deux), Casse-toi pov'président : histoire des offenses au chef de l'Etat de Jules Grévy à Nicolas Sarkozy (Raphaël Meltz, Robert Laffont) et l'inamovible Alain Duhamel, qui cumule plus de 7 septennats de journalisme politique dans Portraits souvenirs : 50 ans de vie politique (Plon). Deux éditeurs nostalgiques exhument même un anosognosique président de sa retraite : L'Archipel, avec Chirac, les 5 visages d'un président (Xavier Panon), et les Presses de Sciences-Po, avec Paroles de président : Jacques Chirac 1995-2003 (Damon Mayaffre).

Enfin Jean Salem s'intéresse à ceux qui refusent de voter dans Voter, un devoir civique ? (Flammarion), de même qu'un collectif d'auteurs dans Comment croire à l'élection ? (Syllepse).

(1) Voir "Y aura-t-il des lecteurs dans l'élection ?", LH 887 du 25.11.2011, p. 22-23.

(2) Voir le nucléaire, LH 887 ; le monde arabe, LH 888 ; la présidentielle américaine, LH 889 ; la présidentielle russe dans ce numéro, p. 7.

LES DEUXIÈMES LIGNES DE LA POLITIQUE EN LIBRAIRIE

Les ex-ministres sont légion à livrer leur sentiment sur l'état de l'Etat. Ici, le salon Murat où se tient chaque semaine le Conseil des ministres.- Photo CHATSAM

Une première vague de livres signés d'hommes politiques a été publiée à la rentrée 2011, notamment à l'occasion des primaires socialistes. Pour 2012, parmi les candidats médiatisés, seule Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts) est annoncée aux Arènes, avec Sauvons l'avenir. François Bayrou, François Hollande, Nicolas Sarkozy n'apparaissent pas (encore ?) dans les programmes des éditeurs, peut-être pour réserver un effet de surprise. Du coup, les deuxièmes lignes de la mêlée politique poussent quelques essais. Fayard, l'éditeur de Jean-Louis Borloo, ex-candidat non déclaré, est enfin venu à bout de Mon dictionnaire autobiographique, politique. Frédéric Mitterrand évoquera son action de ministre de la Culture dans Le désir et la chance (Robert Laffont). Jean-Pierre Raffarin, sentimental ex-Premier ministre, dira pourquoi J'ai toujours marché à l'affectif (Flammarion). Alain Juppé, moins sentimental mais également ex-Premier ministre, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, discutera avec Michel Rocard, autre ex-occupant de Matignon, de La politique, telle qu'elle meurt de ne pas être (J'ai lu), lequel Rocard rappellera Quoi de neuf : le programme du Conseil national de la Résistance (Elytis). Hervé Gaymard, ex-ministre de l'Economie et des Finances, racontera dans Délivrez-nous de la France (Plon) l'épisode de l'appartement de fonction, qui a brisé sa carrière politique mais lui a laissé le loisir de se reconvertir en député ardent défenseur de la chaîne du livre.

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