Roman/France 9 janvier Elisabeth Quin

On dit que les yeux sont le reflet de l'âme, alors qui devient-on quand ils s'éteignent ? En France, plus d'un million et demi de gens souffrent d'une
alternance de la vision. Parmi eux, Elisabeth Quin, figure phare de « 28 Minutes » (Arte), appréciée pour son intelligence, son ton singulier, son humour piquant et son assurance. Ne vous fiez pas aux apparences, elle se décrit comme étant « sous-équipée du côté de la confiance en soi ». Celle-ci vacille d'un cran, lorsqu'elle apprend que son regard s'obscurcit, sombre dans un couloir sans remparts. « Un intrus s'est glissé, et ce parasite qui altère, pollue tout ce que je regarde, c'est l'ombre portée de mon glaucome. » Les deux yeux étant atteints, les médecins sont formels, elle risque de devenir aveugle.

Une opération est envisagée, mais entre-temps, Quin dévisage son mal en s'interrogeant. « Voir est devenu une hygiène de vie, une anxiété permanente, un combat, un sujet de réflexion... » Telle Siri Hustvedt, dans La femme qui tremble, elle scrute ses angoisses en faisant appel à des pépites intellectuelles et culturelles. « Mon corps malade, cette énigme : partenaire-destructeur. » Comment l'apprivoiser ? En constituant « un album de visions intérieures », nourri par les êtres aimés ou la beauté du monde. Son mal est-il une fatalité ou correspond-il à un trop-plein de déchets, cumulés dans ses orbites et sa colère mutique ? « Il faut pardonner à son corps. Et se battre avec un authentique amour de soi et de la vie. » D'une sincérité désarmante, Elisabeth Quin nous livre un « éloge de l'œil », ne perdant jamais de vue le « merveill-yeux ».

Elisabeth Quin
La nuit se lève
Grasset
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 15 euros ; 144 p.
ISBN: 9782246856108

Les dernières
actualités