Premier roman

Erin Hortle, «L'Octopus et moi» (Dalva) : Missive immersive

Erin Hortle - Photo ©Tess Luttrel

Erin Hortle, «L'Octopus et moi» (Dalva) : Missive immersive

Les éditions Dalva se lancent avec la primo-romancière tasmanienne  Erin Hortle. Une femme et une pieuvre s'y croisent, de la chute à la renaissance. Tirage à 7000 exemplaires.

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Par Kerenn Elkaim
Créé le 05.05.2021 à 20h14

En ces temps moroses, il est réjouissant de noter que plusieurs éditrices se jettent à l'eau pour fonder leur maison d'édition. Juliette Ponce (Denoël, Buchet-Chastel) a toujours aimé tisser des ponts entre divers pays et cultures. Même si les femmes continuent à se frayer un chemin dans le monde, elles restent minoritaires au regard du nombre de livres publiés. Dalva a décidé de soutenir leurs voix plurielles et c'est Erin Hortle qui ouvre le bal. Une parfaite inconnue venue de Tasmanie. À l'adolescence, elle a navigué en eaux troubles en raison d'un virus paralysant. Son échappatoire : la lecture et l'écriture. Pas étonnant que son premier roman retrace une reconstruction de façon originale. Elle y entrelace les destinées opposées de deux figures féminines, l'une humaine, l'autre animale. À chacune sa voix et ses émois.

Infertile, Lucy vit avec un corps brisé par la maladie. Elle a l'impression d'être « noueuse de cicatrices, une fleur fanée » qui a du mal à se sentir femme, malgré l'amour des hommes. « J'avais honte d'avoir honte. L'instinct de combat m'a quittée. » C'était sans compter sur sa rencontre inopinée avec un être vivant a priori peu attirant : une pieuvre. « Quand on la caresse, la pieuvre vous caresse en retour. » Ici, celle-ci va un cran plus loin en racontant sa vie solitaire, en milieu hostile. Saviez-vous que « l'Octopus vulgaris femelle ne pond qu'une seule couvée au long de sa vie, mais celle-ci se compose de plus de 100 000 œufs » ? Un chiffre vertigineux qui l'entraîne vers sa propre disparition. Lucy se sent troublée par cette créature, bien plus intelligente et inventive qu'elle n'y paraît. Son enjeu étant sa survie et celle de son espèce. Deux combats similaires unissent ces héroïnes atypiques. Un lien se tisse au sein de leurs univers respectifs, marin ou terrestre. L'auteure souhaitait d'ailleurs « penser à différents niveaux la complexité des relations entre humains et non-humains ». Un monde de « labyrinthes souterrains » où une odeur s'impose, « immédiate, marine, animale. C'est frais. C'est la vie, le contraire de la mort. » Ce roman, dans l'esprit du documentaire My Octopus Teacher (Netflix), confronte l'écologie aux épreuves et aux forces de la vie.

Erin Hortle
L'octopus et moi Traduit de l'anglais (Australie) par Valentine Leÿs
Dalva
Tirage: 7 000 ex.
Prix: 22,90 € ; 400 p.
ISBN: 9782492596001

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