"Vous n’allez pas vous emmerder." Voilà un auteur qui met les pieds dans son sujet. Il paraît que ça porte bonheur. Soyez donc les bienvenus dans un monde de merde. Mais attention, pas question de politique, de social ou d’économie. Quoique…
Le vétérinaire et épidémiologiste canadien s’intéresse à proprement parler - si l’on peut dire - aux matières fécales avec un argument choc. "Si nous ne changeons pas notre façon de concevoir la merde, nous sommes condamnés à y vivre à jamais."
Entrez dans l’univers de la fiente, du guano, de la chiure, du crottin, de la bouse, du purin ou des fèces ! D’ailleurs le titre anglais The origin of feces renvoie à The origin of species de Darwin. Cela traduit bien l’ambition évolutionniste de l’auteur. Car, hormis quelques passages peu ragoûtants sur la composition des matières fécales ou les formules potaches - "Quand nous déféquons, nous rendons ce qu’on nous a offert" -, il s’agit bien d’un essai scientifique voire savant qui envisage l’excrément comme élément nécessaire au fonctionnement résilient de notre planète.
Ne pas vouloir le voir, c’est évacuer le problème avec les déjections. Car il est question ici d’anthropologie, de démographie, d’agriculture, de pollution, de commerce international, de biodiversité, d’énergie et de pandémies.
David Waltner-Toews nous propose une vision périphérique et bactérienne du monde pour mieux en montrer la complexité. Bref, nous ne sommes pas encore totalement dans la mouise, mais il serait temps de réagir…
Laurent Lemire