4 avril > Récit états-Unis

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En France, de Rachel Cusk, « Wonder girl » des lettres britanniques contemporaines, on ne connaît que les romans, comme autant d’altérations énigmatiques du récit de genre, d’Arlington Park (L’Olivier, 2007) aux Variations Bradshaw (2010) en passant par Egypt farm (2008). En Angleterre, son œuvre d’essayiste est peut-être aussi connue et davantage commentée depuis la publication, en 2001, de A life’s work, qui narrait combien la grossesse et la maternité lui étaient apparues comme « subtilisant » son identité. Ces thèmes sont encore présents, parmi d’autres, dans Contrecoup : sur le mariage et la séparation, qui va permettre aux lecteurs français de découvrir l’essayiste post-féministe la plus subtilement polémique du Royaume.

De quoi s’agit-il ? D’un mariage de dix ans qui se brise, des réflexions que cela inspire à une femme, de la haine et du chagrin mêlés d’un homme, de ce qui a été et ne sera plus jamais, des enfants aussi, et de comment, toute honte et idéologie bues, une mère peut décréter qu’« ils lui appartiennent ». Ce ressassement morose où tout le monde perd à tout coup, hormis l’auteure et son intelligence féroce, a fait l’objet outre-Manche de très violentes critiques. Il est vrai que c’est un livre furieux et souvent narcissique, mais aussi, et surtout, courageux autant que brillant. Dans toutes les occurrences d’un quotidien désormais « colonisé » par la rupture (une visite chez le dentiste, la confection d’un gâteau, un enfant déguisé en faune, etc.), Cusk tisse un lien dense de causes et de conséquences. Si elle n’épargne personne, et pas même elle, elle dresse avant tout le constat d’échec de leur volonté conjointe, avec son ex-mari, de vivre chacun comme moitié homme et moitié femme. Dès lors, le mariage lui apparaît rétrospectivement comme fondamentalement oppressif et le culte de la maternité (sur lequel, implicitement, son contrat social se fonde), charriant un excessif sentimentalisme, lui semble en réalité antiféminin et l’a menée à se sentir asexuée. Dérangeant autant que passionnant. O. M.

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