Festival du livre de Paris

France-Italie : une passion réciproque

La librairie Rizzoli à Milan - Photo OLIVIER.DION

France-Italie : une passion réciproque

Toutes les littératures italiennes sont les invitées d'honneur du Festival du live de Paris, du 21 au 23 avril. Un marché cousin du marché français avec lequel il partage de nombreux points communs. Suivez le guide ! 

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Par Jean-Claude Perrier,
Créé le 19.04.2023 à 17h37 ,
Mis à jour le 25.04.2023 à 17h27

Dans un essai réjouissant (1), notre confrère Stefano Montefiori, correspondant à Paris du quotidien milanais Corriere della Sera, résume à sa façon, taquine, les relations entre la France et l'Italie : fascination quelque peu arrogante d'un côté, admiration quelque peu complexée de l'autre. Des deux côtés des Alpes, nous appartenons à la même civilisation judéo-gréco-chrétienne, largement métissée, avec les mêmes racines, ainsi que nous le remémorent les ouvrages à succès de l'helléniste Andrea Marcolongo. Nous avons une langue commune, le latin. Et une longue histoire de voisinage, trop souvent conflictuel, ainsi que le rappelle l'écrivain-voyageur alpiniste Paolo Cognetti dans l'éditorial qu'il a écrit spécialement pour ce hors-série.

La France et l'Italie sont indissolublement liées, de façon parfois inattendue. Ainsi le parmesan vient-il de détrôner nos produits pour la place de premier fromage du monde. Mais le champion mondial de la pizza, lui, est français. Symbole majeur de cette relation : la littérature. Chaque année, ainsi que le rappelle Ricardo Franco Levi, président de l'Association des éditeurs italiens (AIE), ce sont environ 1 000 titres français qui sont traduits en italien, et 900 italiens traduits en français. Notre pays représente le deuxième marché pour l'édition transalpine, après l'Espagne. Signe d'une créativité, d'un réel dynamisme de l'industrie éditoriale italienne qui, avec ses 60 000 nouveautés par an et ses 3,4 milliards de chiffre d'affaires, pèse à peu près dans l'économie du pays autant que la nôtre. Un dynamisme qui permet à l'AIE de piloter l'invitation de l'Italie au Festival du livre de Paris, laquelle annonce celle à la Foire de Francfort en 2024. Cela faisait plus de vingt ans (2002) que l'Italie n'avait pas été le pays invité d'honneur à Paris, trente ans pour Francfort ! On a d’autant plus hâte de découvrir la programmation que Fabio Gambaro, conseiller littéraire de l’événement et directeur du festival Italissimo, a fondu les deux séquences (Italissimo du 17 au 23 avril,  FLP du 21 au 23), en une seule, baptisée « Passions italiennes ». 

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Fabio Gambaro, responsable de l'organisation et de la programmation du festival..- Photo OLIVIER DION

Naturellement, tenter de rendre compte de la richesse, de la diversité, des problématiques de la production littéraire italienne, tous genres confondus (même si la fiction se taille une place de choix), représente une gageure, d'autant que l'édition transalpine obéit à une organisation différente de la nôtre (beaucoup moins centralisée, puisque le pays lui-même l'est moins) et que Rome, la capitale, n'est pas le seul arbitre des élégances. Milan, Turin, Bologne, Florence, Naples ou Palerme sont aussi des centres importants de la vie littéraire. On rencontrera ainsi à Paris, parmi la cinquantaine d'invités, participant à environ autant d'événements, tant au Grand Palais Éphémère qu'à la Maison de la Poésie ou encore à Beaubourg, des auteurs venus de partout. Du Sud au Nord ; de la Sicile, comme Giosuè Calaciura, au Val d'Aoste, comme Paolo Cognetti, ou à Trieste, comme Paolo Rumiz. Autre défi, la programmation se devait de mêler auteurs bien connus des lecteurs français (Alessandro Baricco, Erri De Luca...) avec d'autres encore en devenir, voire débutants. Sans oublier le polar (Giancarlo De Cataldo...), les essais (Emanuele Coccia...), ni la brillante colonie italienne de Paris : Giuliano da Empoli, Maurizio Serra (de l'Académie française), Simonetta Greggio, Andrea Marcolongo. Il fallait enfin que la sélection soit à la fois représentative du panorama éditorial italien et de l'état des publications en France. Quasiment tous les auteurs invités sont traduits.

On trouvera leurs livres en italien et en français. Pour Italissimo, grâce à La Tour de Babel, la librairie italienne historique de Paris, sise rue du Roi-de-Sicile dans le 4e. Et, c'est La Libreria, rue du Faubourg-Poissonnière (Paris 9e), la librairie franco-italienne qui existe depuis 2006, membre de l'association Paris Librairies, qui proposera sur le site du Festival, au sein du Pavillon italien face à la tour Eiffel « environ 10 000 livres : 8 000 en grand format, 2 000 en poche, deux tiers en français, un tiers en italien, grâce à une équipe sur place, en permanence, de six à huit personnes », ainsi que le précise sa directrice Florence Raut. Encore un tour de force. 

Et même si « Passions italiennes » célèbre la littérature des vivants, de grands écrivains classiques-modernes y seront également honorés, comme Gabriele d'Annunzio ou encore Italo Calvino, pour le centenaire de sa naissance. 

Avec deux ans de retard pour cause de Covid, et après l'Inde, qui a inauguré avec succès en 2022 un Festival du livre de Paris totalement réinventé, les lecteurs français attendent impatiemment l'Italie. « Je leur souhaite, conclut Ricardo Franco Levi, de découvrir un auteur inattendu, un essai qu'ils ne cherchaient pas, une histoire dont ils ne connaissaient pas l'existence, et que tout cela se trouve dans un livre italien. »

 

(1) Rendez-nous la Joconde ! Et autres malentendus franco-italiens (Stock, en librairie le 19 avril).

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