Prix

"Chez Proust aussi, il y a des longueurs. Disons qu'ici le TGV démarre lentement, va à fond de train puis freine lentement", admet son plus ardent défenseur, Régis Debray, à propos du premier roman d'Alexis Jenni (photo).- Photo OLIVIER DION

Il n'aura fallu qu'un tour à l'académie Goncourt, réduite exceptionnellement cette année à huit membres, pour désigner son lauréat, dans un duel finalement réduit à deux auteurs Gallimard. Alexis Jenni, donné vainqueur par la majorité des critiques interrogés par Livres Hebdo (LH 883 du 28 octobre), l'a emporté pour L'art français de la guerre par 5 voix contre 3 à Carole Martinez, finaliste pour son deuxième roman, Du domaine des Murmures, toujours en lice pour le Médicis. Alexis Jenni signe à 48 ans un premier roman, déjà vendu à 56 000 exemplaires, qui parle de la guerre, mais "pose aussi la question de la France » selon les jurés. Son sujet, l'histoire de la France coloniale, plus foncièrement masculin, a finalement été favori devant "l'écriture délicieuse, la gourmandise » (Didier Decoin) de Carole Martinez, sans doute plus grand public. "C'est un premier roman ambitieux, assez exigeant, qui aurait mérité un peu plus de travail d'édition », reconnaît Françoise Chandernagor pourtant solidaire du choix du jury, ce que nul ne semble contester à l'académie. Pour Edmonde Charles-Roux, qui cette année a préféré la révélation à la consécration, "c'est un livre rare, il aurait été dangereux de le laisser passer ». Simultanément, Emmanuel Carrère emportait le Renaudot au deuxième tour pour Limonov (P.O.L) par 6 voix contre 3 à Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie), par ailleurs toujours en lice pour les prix Médicis essai, Femina essai et France-Télévisions.

Consécration, c'est en tout cas celle des centenaires éditions Gallimard qui, dans le salon d'à côté, voyaient aussi leur filiale P.O.L emporter le Renaudot pour Emmanuel Carrère, devant un autre livre Gallimard, celui de Sylvain Tesson, remonté in extremis de la sélection essai à celle des romans.- Photo OLIVIER DION

Dans la catégorie essai, les jurés du Renaudot ont hésité plus longuement avant de récompenser au 4e tour Gérard Guégan pour Fontenoy ne reviendra plus (Stock) par 6 voix contre 3 à Michel Crépu (Le souvenir du monde : essai sur Chateaubriand, Grasset) et 1 à Pierre Lepape (Une histoire des romans d'amour, Seuil), pourtant évincé de la sélection. Le jury a également récompensé dans la catégorie poche Linda Lê pour son roman A l'enfant que je n'aurai pas (Nil), devant Olivier Adam (A l'abri de rien, Points) et Mathieu Terence (Petit éloge de la joie, Folio).

Grand perdant chez Drouant, Grasset avait été honoré la semaine dernière sous la Coupole où Sorj Chalandon recevait le grand prix du roman l'Académie française dès le 1er tour pour Retour à Killybegs (Grasset), par 13 voix contre 4 à Laurence Cossé (Les amandes amères, Gallimard), 2 à Jean Rolin (Le ravissement de Britney Spears, P.O.L), et une voix blanche.

Ci-dessus : devant Drouant, les journalistes à l'assaut d'Alexis Jenni, devant des passants interloqués.- Photo OLIVIER DION
Rarement présent physiquement, J. M. G. Le Clézio était chez Drouant mercredi parmi les jurés Renaudot. Mais les mondanités ne sont pas de son goût : notre photographe le saisit s'éclipsant incognito peu après la proclamation du prix, tennis aux pieds et casquette sur la tête. - Photo OLIVIER DION
Dans Retour à Killybegs couronné par le grand prix du Roman de l'Académie française, Sorj Chalandon reprend son personnage de Tyrone Meehan dont il endosse cette fois le rôle : "Je suis le traître et le trahi", explique l'ancien grand reporter en Irlande du Nord. - Photo OLIVIER DION

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