C’était en 2004, notre premier Francfort avec Gilles Cohen-Solal pour la maison que nous venions de fonder. Nous avions travaillé tout l’été sur notre programme éditorial et nous cherchions un diffuseur-distributeur. Nous recevons le 1er septembre la confirmation d’Interforum. Nous avions prévu d’aller une journée à la foire mais nous décidons d’y rester trois jours et nous prenons des rendez-vous frénétiquement. En 2004, avant la crise économique, tous les éditeurs vont à Francfort en nombre, et trouver un hôtel en ville, au mois de septembre, relève de l’impossible. Je regarde tous les jours sur Internet et trouve un établissement sur Liebigstrasse qui avait une chambre. Au téléphone, le réceptionniste parle mal l’anglais et pas du tout le français. Je ne comprends pas bien où est la salle de bains. Je ne trouve rien d’autre, alors je réserve. On arrive devant un charmant hôtel, dans une chambre très grande au premier étage dont les fenêtres donnent sur les tilleuls de la rue, mais… la douche est en plein milieu de la pièce et les toilettes sont communes à tout l’étage. Je n’oublierai jamais la tête de Gilles. Dès le lendemain, il s’est rendu tous les jours au Hessischer Hof pour demander une chambre, alors que les gens y sont sur liste d’attente pour dix ans. L’année suivante, nous sommes retournés dans le même hôtel, cette fois-ci dans une chambre normale, mais Gilles a continué de faire le siège du directeur du Hessischer Hof tous les jours. Trois ans plus tard, nous avons reçu une lettre : "Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous aurez une place pour la prochaine foire." On entrait dans une période de crise, moins d’éditeurs se déplaçaient. C. C.

06.10 2017

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