Avec 201 romans étrangers annoncés en janvier et février, contre 169 l'an dernier pour la même période, la production de traductions s'emballe (+ 19 %). Merci la crise ? Face à la difficulté d'asseoir des auteurs français, les éditeurs se tournent vers des titres qui ont déjà fait leurs preuves à l'étranger. De grandes plumes sont attendues dont l'Américain Don DeLillo qui signe L'ange Esmeralda, un recueil de nouvelles sur l'homme contemporain (Actes Sud), et l'Italien Claudio Magris (La Baconnière) qui livre Entre le Danube et la mer, un ouvrage hybride mêlant autoanalyse littéraire et conte. On retrouvera Kenneth White avec La route bleue, un roman initiatique au Canada (Le Mot et le reste). Le prix Nobel de littérature Doris Lessing revient nous conter L'histoire du général Dann chez Flammarion. Dans Entre amis (Gallimard), Amos Oz met en scène ses personnages dans une communauté en Israël. De son côté, Mercure de France publie le nouveau Julian Barnes qui a obtenu le prestigieux Man Booker Prize en 2011, et L'Olivier édite le nouvel opus de Jeffrey Eugenides, l'auteur de Virgin suicides. Parmi les autres ouvrages très attendus, le nouveau Neil Jordan (réalisateur d'Entretien avec un vampire et de la série Borgias) chez Joëlle Losfeld, ainsi que les volumes 2 et 3 de la trilogie Cinquante nuances de Grey de E. L. James (Lattès), déjà annoncés comme des succès commerciaux. Et bien sûr, Anne B. Ragde (Balland), Monica Ali (Belfond), Shalom Auslander (Belfond), Lars S. Christensen (Lattès), Nora Ephron (Baker Street) ou encore, chez Métailié, Rosa Montero et Leonardo Padura, lauréat du prix Initiales en 2011. Plus déjantés ou branchés, quelques romans sont aussi scrutés avec impatience comme Basses besognes de Mark Safranko (13e Note), Criminels ordinaires de Larry Fondation (Fayard), Mon amie Rosy (Héros-Limite), signé Gerald Durrell, frère de Lawrence Durrell, ainsi que la fin de la trilogie culinaire fantastique, Soul kitchen de Poppy Z. Brite au Diable vauvert.

DÉCOUVERTES ET REDÉCOUVERTES

La rentrée étrangère sera aussi un moment propice à la découverte de nouveaux auteurs. Calmann-Lévy parie sur Andrea Molesini avec Tous les salauds ne sont pas de Vienne, prix Campiello 2011, et Stock sur Kevin Powers, dont le roman sur l'Irak, Yellow birds, est un best-seller aux Etats-Unis. Actes Sud remue la bienséance en misant sur la punkette suédoise Sara Lövestam dont le roman Différente raconte la quête d'un homme attiré par les femmes aux membres amputés, tandis que Flammarion laisse Daniela Krien nous narrer l'histoire d'amour entre une adolescente et un homme mûr en RDA dans Un jour, nous nous raconterons tout. Albin Michel donne la parole à Cristina Alger et ses spéculations financières, tandis que chez Nil, Robert Williams fait le récit d'une amitié entre deux adolescents touchés par le deuil. Et pour ceux qui voudraient lire et relire les classiques oubliés, plusieurs rééditions sont prévues. Attila réédite Les cobayes du Tchèque Ludvik Vaculik, publié dans les années 1970 par Gallimard, et Tristram propose Vermilion sands du Britannique James Graham Ballard. Mais les trois plus attendus sont sans doute Madame Solario, un roman mythique anonyme dont on connaît maintenant l'auteur, Gladys Huntington (Les Belles Lettres), les récits de Stephan Zweig réédités en "Bouquins" chez Robert Laffont et le troisième et dernier volume de L'archipel du goulag d'Alexandre Soljenitsyne chez Fayard.

LATINOS

Si, comme de coutume, les Anglo-Saxons occupent une place de choix dans la production étrangère de la rentrée, les éditeurs offrent cette année un bel espace aux langues latines avec une quarantaine de traductions. Du côté de la littérature transalpine, on retrouvera notamment Alessandro Spina et son Triptyque libyen (L'Age d'homme), Piero Degli Antoni avec un roman sur la Shoah (L'Archipel) et un titre psychédélique de Tommaso Pincio (Asphalte). Dans Sandokan, avec une post-face de Roberto Saviano, Nanni Balestrini (Entremonde) dépeint les liens entre Mafia et politique en Italie. C'est de la réalité que s'inspire aussi N'aie pas peur si je t'enlace de Fulvio Ervas (Liana Levi), qui raconte l'histoire vraie d'un road-trip d'un père et de son fils autiste. Venus de l'autre côté des Pyrénées, Gabi Martinez raconte l'Histoire vraie de l'homme qui cherchait le yéti (Autrement), et José Carlos Llop nous emmène Dans la cité engloutie à la découverte du Palma des 60's (Jacqueline Chambon) ; l'Espagnol Javier Tomeo a quant à lui une double actualité, chez Christian Bourgois et Corti. Largement représentée en ce début d'année, l'Amérique latine nous offre un aperçu de sa diversité contemporaine avec le Péruvien Martin Mucha (Asphalte), le Paraguayen Esteban Bedoya (La Dernière Goutte) et les Mexicains Ana Clavel et Federico Vite. Mais la prédominance de la littérature argentine est flagrante avec six titres traduits : Claudia Piñeiro (Actes Sud) et Pola Oloixarac (Seuil) s'intéressent à la composante sociale et économique du pays, tandis que Gabriel Rolon (Belfond), César Aira (Christian Bourgois) et Pablo Ramos (Métailié) font un portrait au vitriol de la famille argentine

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