Lorsqu’ils évoquent Indigène, Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou parlent beaucoup d’amour. Et le conjuguent systématiquement avec la notion d’engagement. "Nous sommes tombés amoureux parce que nous partagions le désir de faire de notre vie et de notre relation un vrai engagement, que nous portons depuis 1996 par le biais de la maison", résume la normalienne et ancienne correspondante du Monde. Avant l’aventure Indigène, le couple a partagé durant quinze ans d’autres péripéties et une passion pour les "arts et savoirs des cultures non industrielles du monde" autour desquels ils ont bâti leur catalogue. Ce dernier, estime Jean-Pierre Barou, qui fut notamment cofondateur de Libération, reflète la "complicité amoureuse et intellectuelle" qui les unit. Indigène publiant très majoritairement des projets "provoqués" par les éditeurs, chaque titre, choisi ou non à deux, porte "une part de cet esprit de résistance qui [les] caractérise". C’est pourquoi le couple a vécu le succès d’Indignez-vous ! (2010) comme une "consécration amoureuse" autant qu’éditoriale. Dans leur maison montpelliéraine, dont le grenier fait office de bureau, le binôme cultive une "exaltation permanente" où les frontières entre sphères privée et professionnelle sont abolies. Leurs deux enfants participent ainsi régulièrement au choix des couvertures, donnent leur avis sur les sujets traités. Pourtant, "ils ne veulent absolument pas nous rejoindre, sûrement parce qu’ils nous ont trop vu ramer financièrement". Une maison d’édition, aime à dire Sylvie Crossman, c’est "une aventure de conscience, et donc de vie avec ses hauts et ses bas".
