6 janvier > Roman France

L’amour comme une guerre avec ses stratégies de conquêtes, ses annexions de territoire, ses redditions, l’irrésistible attraction des contraires dans une version inversée du prince tombé amoureux de la bergère… Julia Kerninon installe Le dernier amour d’Attila Kiss dans une Hongrie où la romancière de 28 ans a vécu. En 2014, Buvard, qui mettait en scène un personnage d’écrivaine recluse confrontée à un admirateur, avait été très largement loué, couronné entre autres du prix Françoise-Sagan. Plus bref et avec un sujet en apparence plus anecdotique, "ce livre est l’histoire d’un amour - la plus petite de toutes les histoires -", annonce le prologue.

Ce deuxième roman concentre néanmoins l’énergie de l’offensive, ce style affirmatif qui fait la griffe de la jeune écrivaine. Et ce sens du romanesque que l’on peut trouver ces dernières années du côté de ces jeunes femmes, précoces et très lettrées - Julia Kerninon a soutenue une thèse en littérature -, auteures de fictions redoutablement malines, comme Alice Zeniter ou Lise Charles.

Quand Attila le Hongrois, 51 ans, rencontre Theodora, 25 ans, l’Autrichienne, il vit seul depuis dix ans après avoir fui sa femme, son beau-père tyrannique aux activités louches et trois petites filles nées de sa liaison avec une serveuse. Peintre le jour, trieur de canetons dans une usine de fabrication de foie gras la nuit (la description précise et clinique du processus tient du documentaire), il voit fondre sur lui à une terrasse de café de Budapest une jeune femme décidée qui va bouleverser tous les repères de sa vie. C’est une fille de l’Ouest, une héritière, fille et ayant droit d’un célèbre ténor compositeur. A travers leur couple aussi passionnel que mal assorti vont se rejouer les relations conflictuelles entre leurs deux pays. L’occasion pour la romancière de parcourir à bride abattue la longue histoire de ces deux ennemis intimes. Et de filer sa pertinente métaphore guerrière. V. R.

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