Disparition

Jacques Rivette nous quitte

Jacques Rivette - Photo Raphael Van Sitteren

Jacques Rivette nous quitte

Figure de proue de la nouvelle vague, le plus marginal des cinéastes influents de ces cinquante dernières années est mort. Quelques livres ont analysé son œuvre, et notamment son lien avec Balzac.

Par Vincy Thomas,
avec afp Créé le 29.01.2016 à 18h44

Artisan inspiré du cinéma, figure de la Nouvelle Vague, Jacques Rivette, décédé vendredi à 87 ans, a réalisé une trentaine de films, du court-métrage à l'expérimentation Out 1 qui durait plus de douze heures. Homme discret, voire secret, érudit, d'une immense mémoire, Jacques Rivette était un cinéaste influent mais qui se tenait artistiquement en marge, souvent ignoré par le grand public.

Assistant de Jacques Becker et de Jean Renoir dans les années 50, il réalise en 1956 le court-métrage Le Coup du berger, qui jouera un rôle majeur dans le mouvement de la Nouvelle Vague né en réaction au classicisme du cinéma de l'après-guerre. Le succès de ce court-métrage décidera François Truffaut à passer à la réalisation et Claude Chabrol au long-métrage.

Il coréalise ensuite en 1958 son premier long-métrage, Paris nous appartient, puis tourne Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1966) avec Anna Karina, dont l'exploitation sera un temps interdite. Viendront ensuite Céline et Julie vont en bateau (1974) avec Juliet Berto et Bulle Ogier ou encore La Bande des quatre (1988), toujours avec Bulle Ogier.

Dans les années 90, il tourne La Belle Noiseuse (1991) d'après Le Chef d'œuvre inconnu de Balzac, avec Michel Piccoli et Emmanuelle Béart, Jeanne la Pucelle (1994) avec Sandrine Bonnaire, retraçant l'épopée de Jeanne d'Arc, ou de Haut bas fragile (1995), comédie musicale autour du destin de trois jeunes femmes.

Il réalise ensuite Va savoir (2001) avec Jeanne Balibar et Sergio Castellito, Histoire de Marie et Julien (2003) avec Emmanuelle Béart, Ne touchez pas à la hache (2007) tiré de La Duchesse de Langeais de Balzac, avec Jeanne Balibar, et 36 vues du pic Saint-Loup (2009) avec Jane Birkin et Sergio Castellito, son dernier film.

"Parmi les représentants de la Nouvelle Vague c'est sans doute celui qui a eu le moins de succès en salles mais son influence est considérable parce que, toute sa vie, il a essayé d'inventer un cinéma différent à chaque film", a indiqué à l'AFP Frédéric Bonnaud, futur directeur de la Cinémathèque française à partir du 1er février.

S'il aimait les livres, et particulièrement l'œuvre de Balzac qui l'a souvent inspiré, ce cinéaste, préférant l'improvisation à la direction d'acteurs, le synopsis de 15 pages au scénario détaillé, a fait l'objet de quelques livres.

Sandrine Bonnaire avait ainsi raconté son tournage de Jannes la Pucelle (Le roman d'un tournage: Jeanne la Pucelle, Lattès, 1994). Hélène Deschamps lui a consacré une analyse de son cinéma dans Jacques Rivette: théâtre, amour, cinéma (L'Harmattan 2001). Toujours chez L'Harmattan en 2006, Evelyne Jardonnet a écrit Poétique de la singularité au cinéma: une lecture croisée de Jacques Rivette et Maurice Pialat. Les Cahiers du cinéma, dont il fut rédacteur en chef dans les années 60, ont publié en 2002 Trois fantômes de Jacques Rivette, soit le recueil de trois films jamais réalisés par le cinéaste: Phénix, L'An II et Histoire de Marie et Julien (qu'il filmera finalement l'année suivante). Enfin, le cinéaste a fait l'objet d'une thèse de Francesca Dosi, Trajectoires balzaciennes dans le cinéma de Jacques Rivette: Out 1, La belle noiseuse, ne touchez pas à la hache, que Lett Motif a publié en 2014.

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