A mes amis blogeurs que je vois froncer les sourcils (Thom le ricaneur, les Patch sortes de DuponT et DuponD du net, Choupynette-la-tempête, et tous les autres) et que j’entends déjà se plaindre : « Tous pourris, il est bien comme les autres », je dois ce serment. Promis-craché, croix de bois croix de fer si je mens j’irais en enfer. Je vous jure que je n’ai pas couché, ni payé. Voici donc la vérité toute nue. Allumer le chat , le premier livre que j’ai édité, s’est vu doté de l’inaccessible étoile du Goncourt. Entre Un roman russe d’Emmanuel Carrère, Jeune fille d’Anne Wiazemski, La chambre du retour de Jean-Paul Kauffmann, Le festival de Cannes de Frédéric Mitterrand, L’explosion de la durite de Jean Rolin, Une exécution ordinaire de Marc Dugain et sept autres livres, il y a, il y a… mon chat préféré dans la sélection des livres sélectionnés par les Goncourt pour l’été. Me voilà fier comme un pou, orgueilleux comme un paon, c’est bien simple je-ne-me-sens-plus ! J’en parle à tout le monde. Et comme ça se bouscule dans ma tête, mes amis me disent gentiment, comme à un simplet qu’il ne faut pas contredire : c’est bien que tu aies le Goncourt, c’est bien... Bon, je dois admettre que : 1/ c’est Barbara Constantine qui a écrit un bon livre et donc c’est elle qui est récompensée, 2/ ce n’est qu’une sélection de livres pour l’été et non la liste des Goncourables de l’automne. Ce qui veut dire, en clair 3/ que le livre de Barbara va passer l’été sur les plages ; 4/ et que je n’y suis pour rien. Je suis quand même lou ravi. * * * Bon, assez de faire le malin, faisons le beau ! Mon dernier « post », et oui, c’est comme ça qu’on dit, m’a attiré un certain succès de courrier. Pour tout vous dire, je commençais à jalouser mon confrère d’en dessous qui sous prétexte qu’il est jeune et beau, qu’il est écrivain et a écrit Le potentiel érotique de ma femme , draguait tout ce qui passait sur son blog. Je sais bien, je suis vieux, gros et chauve, de plus j’ai été journaliste, position sociale qui dans les sondages reste bloqué entre ministre et prostituée, mais quand même ! Il y a quelques mois, l’air de rien, j’ai demandé à Livres-Hebdo les coordonnées de Foenkinos pour qu’il me donne des conseils, mais j’attends toujours. Les jeunes sont terribles avec les vieux. Alors je me suis appliqué. J’ai fait semblant d’être drôle (quand on est vieux, gros et chauve, il ne reste que ça), j’ai flatté la blogeuse et voilà qu’elles sont arrivées à petit pas. Laurence de biblioblog.fr, Marie (Ferrand) http://www.tourmentsdachab.com et Noé qui, vérifiez par vous-même, m’a parlé de son attente impatiente des vendredis où paraissent généralement mes blogs (raté ce coup-ci). Elle s’est déclarée ma « groupie », j’étais prêt à enfiler mon costume à paillettes de Clo-Clo. Quand je suis allé sur son site http://www.subutextes.canalblog.com , j’étais bouleversé. Et puis, et puis, le lendemain, patatras, son site avait disparu. Bouh, le monde est laid ! * * * Comme tout le monde j’ai été syndicaliste et je ne le suis plus. Mais comme beaucoup je me plains que la France compte si peu de syndiqués. Tout ça pour dire que si je m’en prends ici à trois confrères syndiqués c’est aux (ex)confrères que j’en veux, pas aux syndicalistes. Alors voilà, il y a quelques jours trois responsables de syndicats de journalistes s’en prenaient, dans Le Monde , à ceux qui asservissent la presse : les patrons, les politiques, etc. Et, comme il se doit, ils pointaient du doigt la ministre de la Culture et de la Communication. Pas très original mais après tout. Et voilà que je découvre étonné qu’ils l’appellent « Catherine Albanel ». Pas de chance, la nouvelle s’appelle « Christine » Albanel. Certains diront que ce n’est pas grave, eh bien moi je râle. Comment défendre ce métier en se trompant sur une information, fusse un prénom, montrant qu’on fait mal son métier ? Et accessoirement est-ce que les journalistes du Monde relisent encore les articles qu’ils publient ! Quand un lecteur constate que son journal fait une erreur sur un sujet qu’il connaît, qu’il soit agriculteur, banquier, qu’il travaille dans le pétrole ou dans un hôpital, il perd confiance en tout ce qu’il lira désormais. Quant aux pressions, je crains plus l’autocensure que la censure. Il vaut mieux dire « non » que hurler à la censure dans son fauteuil. Comme me disait Alain Genestar, licencié de Match pour avoir publié en couverture une photo de Cecilia avec un « ami » à New York, à propos des écrivains ou des politiques qui se fâchaient : « Ce n’est pas grave. Ils sont bien obligés de revenir après. » * * * Mention spéciale à Nelson Montfort qui a bien compris le slogan « travailler plus pour gagner plus ». Avant il était à France Télévision et traduisait recta les « j’essaierai de faire mieux la prochaine fois » des champions en tous genres. Cette année pour Roland Garros il a été – en même temps– sur France télévisions et Radio Classique. Un coup je donne le score de Nadal, un coup j’envoie le Bolero de Ravel. Un coup j’interviewe McEnroe sur Bernstein, un coup je parle du toucher de Justine Henin. Le tout détaxé ? * * * Revue de blogs La blogosphère se meut dans l’espace. Dans cet espace où se croisent des satellites brillants de modernité, indispensables à notre vie et espionnant notre quotidien, pacifiques et menaçants. Et puis il y a les astres morts, des morceaux de fusée, des pièces inutiles, voire quelques poubelles jetées en douce. La lecture des blogs littéraires ressemble aussi à ça. Il y a les nouveaux. Bienvenue à Bernard (blogdeslivres.com), vive Wrath que je viens de découvrir qui m’énerve autant qu’elle me fait rire (on en reparlera). Il y a aussi les disparus. Ce qui me frappe, ce sont ces blogs restés en suspension : je passe régulièrement sur le site de « bibliovirtuel » qui nous annonçait le 6 décembre « Je serai bientôt de retour frais et dispo » et j’attends sagement auclairdelalyre bloqué au 16 mai sans explication ou « entrez dans ma bibliothèque » (bouquiner.over-blog) qui ne donnait plus de nouvelles depuis le 17 mars avant de commenter le 1 er mai, fête du Travail, « Mon blog et moi on a pris de la distance ». D’autres annoncent simplement : « Voilà c’est fini » comme bookmates (chezjoelle.net/boomates/) ou « Un an c’est symbolique et c’est le moment parfait pour mettre un point final » en quittant « je (ne) lis (pas) » (jelisoupas.hautetfort). Ce qui ne nous empêche pas de découvrir après coup leurs coups de cœur et leurs coup de dents. Mais le pire est arrivé cette semaine : la papesse des blogs littéraires, cette chère Cuné (cuneipage.over-blog), cite dans son dernier post Robert Sabatier: « Quand on joint l’utile à l’agréable cherchez lequel des deux y perd ». Et la voilà qui s’en va, pleurée par des dizaines de fans. Elle reviendra « sans doute » « autrement » « à la rentrée », mais l’on ne peut pas ne pas voir cette petite phrase en fin de page « polluer un blog en anonyme c’est laid ». Cuné en avait marre, en effet, des pollueurs qui viennent mettre le bazar. Si maintenant même les espaces infinis sont pollués ça me fait regretter l’heureux temps où mes articles publiés dans les journaux servaient à «emballer le poisson ».

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