En 1975, j’avais 17 ans. Mes parents, Pierre et Franca Belfond, avaient décidé que, en récompense du bac obtenu, leurs trois enfants seraient invités, chacun leur tour, à la Foire de Francfort. C’est donc cette année-là que j’ai vécu ma première foire du livre. A l’époque - ce n’est plus le cas -, nombre de maisons petites et moyennes avaient à cœur d’avoir un très beau stand. Pour afficher le dynamisme du label et le prestige de ses auteurs, Sylvie Messinger, des éditions Belfond, avait décoré le stand de photos d’écrivains, couvertures de livres agrandies… Il était splendide. Des éditeurs amis passaient boire un verre : Jean-Claude Lattès, Andre Balland, Francis Esmenard, Jean-Jacques Pauvert. J’ai été frappé par l’atmosphère festive de la foire : l’hôtel à Sachsenhausen, le tramway qu’on prenait pour arriver à la foire, les cocktails au Frankfurter Hof, l’odeur de saucisses, au moment du déjeuner. On n’était pas loin de Mai 68 ; il régnait une atmosphère de contestation politique. Je me souviens d’un jeune homme jovial et sympathique qui était la vedette du stand Belfond cette année-là. Interdit de séjour en France, il venait présenter Le grand bazar, son livre de souvenirs, introuvable aujourd’hui. Son nom sentait le soufre : Daniel Cohn-Bendit. L. L.

06.10 2017

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