Silence ! Je grandis. Siméon ne parle pas. Il tambourine. Il ne peut pas faire un pas sans son instrument de prédilection, un petit tambour. Impossible aussi de s'exprimer sans lui. C'est tout à la fois sa voix, son confident et son ami. Aussi, quand, le jour de ses 6 ans, celui-ci disparaît, le petit garçon est effondré. Il fouille partout, sous ses draps, dans son armoire. Rien. Incapable de sortir seul de sa chambre, Siméon attend. Comment vivre dans le silence alors que ça fait six ans qu'il tambourine ! À défaut de tambour, il va taper sur ce qu'il a sous la main, marmite ou carrelage. Hélas, ces instruments de fortune n'émettent qu'un vil bruit. Ses parents ont eu beau le border tendrement à l'heure du coucher, Siméon se lève en pleine nuit, déterminé à aller chercher son cher objet. Le voilà, malgré sa frousse, lancé dans l'obscurité et le silence du jardin. Pour se rassurer, il tape une botte contre l'autre, puis réussit à s'aventurer de plus en plus loin dans la forêt et dans la montagne. Autant dire en terra incognita. Le lever de soleil silencieux mais merveilleux aura raison de son mutisme et de son appréhension. La nature et les petits êtres qui la peuplent ont des pouvoirs insoupçonnés. Cette histoire initiatique est sublimée par des illustrations éclatantes tant dans le mouvement du petit garçon qui met sa chambre sens dessus dessous que dans le tableau serein d'une aube lumineuse. Jeanne Saboureault, dont c'est le premier album, est décidément une artiste à suivre.