Jorge Semprún est mort

Jorge Semprun © DR

Jorge Semprún est mort

Ecrivain et ancien ministre de la Culture espagnol, membre de l'Académie Goncourt, il est mort mardi à Paris.

Par Vincy Thomas
avec vt Créé le 15.04.2015 à 19h12

Enfant espagnol en exil en pleine guerre civile, déporté durant deux années indélébiles à Buchenwald (matricule 44 904), ancien membre du Parti communiste, ministre de la Culture d'Espagne de 1988 à 1991, Jorge Semprún est mort ce mardi à Paris à l'âge de 87 ans, selon les médias espagnols citant la famille et le ministère de la Culture.

Homme de tous les écrits - romans, autobiographies, pièces de théâtre, scénarios de cinéma - il avait reçu le prix Femina en 1969 pour La Deuxième mort de Ramon Mercader. En 1994, il est le récipiendaire du prix de la Paix des éditeurs et libraires allemand et du prix Femina Vacaresco. L'année suivante le Prix littéraire des droits de l'Homme 1995 lui est décerné à l'occasion de la publication de L'écriture ou la vie.

Il est élu à l'Académie Goncourt en 1996.

Son oeuvre est dense. Il tarde à écrire, traumatisé par la guerre. Il devient germanopratin et écrit directement en français : Le grand voyage (1963), L'évanouissement (1967), Autobiographie de Federico Sanchez (1976), Montand la vie continue (1983), avec qui il était un grand ami, Netchaiev est de retour (1987), La mort qu'il faut (2001), L'homme européen (avec Dominique de Villepin, 2005), Où va la gauche (2008) et son dernier livre en 2010, Une tombe au creux des nuages. Essais sur l'Europe d'hier et d'aujourd'hui, qui sortira en poche en octobre prochain.

Au cinéma, on lui doit des histoires inoubliables comme La guerre est finie et Stavisky (Alain Resnais), Z, L'aveu et Section spéciale (Costa-Gavras), Les routes du sud (Joseph Losey), Netchaiev est de retour (Jacques Deray) et récemment, pour la télévision, Ah, c'était ça la vie.

Né en 1923 à Madrid, Semprún a quitté l'Espagne en 1936, au début de la guerre civile espagnole. Pendant la guerre, il entre dans la résistance française et adhère au Parti communiste espagnol. Arrêté par les Allemands, il est envoyé dans les camps où il survit jusqu'à sa libération par les troupes américaines. Après la guerre, Jorge Semprún milite contre le régime de Franco, en tant que militant communiste, mais il est exclu du Parti dans les années 1960. Il reviendra par la grande porte de la politique sous le gouvernement socialiste de Felipe Gonzáles, dans une Espagne européenne.

Avec ses opinions tranchées, sa vie partagée entre l'Espagne et la France, Semprún était aussi un homme d'ouverture, à l'écoute de la société. Dans Adieu vive clarté (Gallimard, 2000), il écrivait : "La vie en soi, pour elle-même, n'est pas sacrée : il faudra bien s'habituer à cette terrible nudité métaphysique.”

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