Am stram ramm. À quatre mains, Jørn Lier Horst et Thomas Enger font une nouvelle fois des miracles. Après Que le meilleur gagne (Gallimard, « Série noire », 2024), les deux auteurs norvégiens reprennent leurs personnages de l'inspecteur Alexander Blix et de la jeune journaliste d'investigation Emma Ramm pour revisiter la formule d'un cadavre exquis de belle facture. Très éloignée néanmoins de la douceur ludique d'un jeu inventé par les surréalistes Jacques Prévert, Yves Tanguy et Marcel Duhamel (oui, le père de la « Série noire », tout se tient !), une explosion meurtrière endeuille Oslo en cette nuit du Nouvel An et replonge incidemment Alexander et Emma dans une affaire non élucidée une décennie plus tôt. Un bébé avait alors disparu. Et parmi les victimes du jour figurent Ruth-Kristine Smeplass, la mère toxico de l'enfant, et Kasper Bjerringbo, le compagnon d'Emma. De fait, le hasard d'une frappe terroriste aveugle ne semble pas l'évidence à privilégier et nos duettistes se lancent sur des pistes alternatives. Nous suivons ainsi Horst et Enger de la Norvège au Danemark, de sacrifiés collatéraux en histoires de famille torves, d'infanticide en valse des identités, jusqu'à un inextricable crescendo final où Emma Ramm sera en mauvaise posture, obligeant Blix à contourner les directives de sa hiérarchie. En de courts chapitres dédiés aux prospections de chacun et à de brefs flash-back, cette Nuit des faux-semblants tient un rythme effréné, sec et fragmenté, comme une bombe en somme.
La nuit des faux-semblants
Gallimard
Traduit du norvégien par Marie-Caroline Aubert
Tirage: 20 000 ex.
Prix: 21 € ; 416 p.
ISBN: 9782072982941