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Jour 2 : Les dégâts du numérique au congrès de l'UIE

La tribune du 30e congrès de l'Union internationale des éditeurs, Bangkok, 25 mars 2015 - Photo F.Piault/LH

Jour 2 : Les dégâts du numérique au congrès de l'UIE

Au deuxième jour du congrès de l'Union internationale des éditeurs, qui se réunit du 24 au 26 mars à Bangkok, les éditeurs ont examiné l'impact du numérique sur le piratage, l'exercice de la liberté de publier ou encore le développement de l'open access.

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Par Fabrice Piault, Bangkok
Créé le 25.03.2015 à 17h11

"Gagner la bataille contre le piratage", c'est sur ce thème que les participants au 30e congrès de l'Union internationale des éditeurs (UIE), du 24 au 26 mars à Bangkok, ont entamé, mercredi, leur deuxième journée de travail, largement occupée par les dégâts – et/ou les opportunités, suivant les intervenants – du numérique.

En matière de piratage, dont l'ampleur a été démultipliée ces dernières années par le numérique, les intervenants se sont concentrés sur les causes et les moyens de lutte, avec des démarches parfois diamétralement opposées. Secrétaire exécutif de l'association des éditeurs nigérians, Lawrence Aladesuyi, qui déplore que "les éditions piratées soient souvent meilleures que les originales", note que le piratage est généralement le produit d'une mauvaise distribution du livre et de la corruption, mais aussi du "manque de coopération et de la corruption des imprimeurs asiatiques". Il décrit une riposte essentiellement répressive: surveillance, raids, poursuites judiciaires.

A l'opposé Hugo Zhang, directeur aux relations gouvernementales chez Reed Elsevier China, préfère lutter contre le piratage "par la coopération et les partenariats". Décrivant un accord intervenu avec le géant chinois de l'internet Alibaba, qui en a entraîné un autre avec Baidu, il considère qu'"on peut combattre le piratage ensemble". Pour lui en tout cas "la pratique de prix bas sur les livres numériques n'est pas la solution contre le piratage. La solution, c'est au contraire la valeur".

Enfin, l'éditrice argentine Ana Maria Cabanellas (Heliasta) lie la lutte contre le piratage à la structuration et à la régulation des marchés. "Il faut plus de librairies, moins de TVA, plus de protection du droit d'auteur", lance-t-elle.

Du piratage, les congressistes sont passés à "la liberté de publier à l'âge numérique", introduit par une courageuse intervention de l'éditrice thaïlandaise Trasvin Jittidecharak (Silkworm Books) qui, dans son propre pays, déclare que, "si vous me demandez si nous avons la liberté de publier en Thaïlande, je répondrai non. Sommes-nous à l'aise dans cette situation? Non. La combattons-nous: oui", poursuit-elle en déplorant l'"article 112" punissant, depuis les années 1950, le crime de lèse-majesté.

Après que le Chinois Bai Ling, fondateur de la revue Tendance, interdite en Chine depuis 2000, a décrit le fonctionnement de la censure en Chine, la directrice de NLO, Irina Prokhorova, pointe l'essor parallèle du piratage et de la censure depuis le début des années 1990 en Russie. Du coup, "Internet fonctionne en Russie comme les samizdats à l'époque de Union Soviétique", remarque-t-elle.

Dans la foulée, la session sur l'open access, l'open data ou encore l'open science, aux fonctions plus pédagogiques et pratiques, est placée sous le double signe des "opportunités et menaces pour les éditeurs", avant qu'une série d'experts ne fassent successivement le point sur les stratégies numériques dans l'édition, le prix fixe du livre, le licensing, les méthodes de lobbying ou encore les mutations des échanges de droits.

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