La semaine dernière, j’avais hésité à acheter Elle : « 52 pages, pour être simplement belle », disait la publicité dans le métro. J’avais reculé devant l’épreuve. Et pour être « très belle », il fallait combien de tomes ? Mais cette semaine, j’ai raqué pour Marie-Claire, histoire que la presse féminine ne soit pas absente de cette chronique. Dans Marie-Claire, tous les titres sont en anglais, ou presque — c’est so trendy, darling : you know what I mean ? Et il y a des rubriques au titre amusant. Comme le DOP, par exemple : les béotiens s’imagineront qu’il y est question de shampoing, mais pas du tout, le DOP, c’est le « livre dont on parle ». En l’occurrence, Mon évasion , de Benoîte Groult. Un bon choix, certes. Mais surtout, ce numéro recelait un portrait — pardon, un « poster » — de Florian Zeller. Tout en nuances, le portrait. « En six ans, il a publié quatre romans, il est beau, riche, passe à la télé, c’est impardonnable », résume la « journaliste », à l’appui de sa thèse : ceux qui ne l’aiment pas sont des jaloux. Forcément. Elle ajoute qu’il « respecte ses aînés — Modiano, Le Clezio, Kundera ». Elle oublie de signaler sa grande magnanimité, et pour tout dire sa générosité  : quand on est l’égal de Shakespeare (pour le moins), c’est faire beaucoup d’honneur à des plumitifs comme Le Clezio ou Modiano que de les voir comme ses aînés, id est ses égaux. Et de citer une phrase du grand homme : « La méchanceté m’agace, car elle cache beaucoup de tristesse ». Qu’il se rassure : après avoir lu un papier pareil, on est de bonne humeur pour la semaine. *** Dans le Monde des livres , sous le titre « Le vertige des nombres », Robert Solé donne très envie de se jeter sur La Conjecture de Syracuse, d’Antoine Billot (Gallimard), « roman labyrinthique et mathématique », ponctué d’intermèdes logiques. Comme ce « paradoxe de Borel », selon lequel un singe pourrait écrire la totalité des livres de la Bibliothèque nationale, pour peu qu’on le laisse taper au hasard sur une machine à écrire pendant un temps infini. Dans la pratique, ça n’a pour l’instant jamais marché : les singes testés ne composaient que des lignes d’une seule lettre, avant de détruire le clavier à coups de pierres. C’est là qu’on voit la suprématie incontestable de la race humaine. Nous, nous avons Florian Zeller. Et puis, un singe peroxydé, ça n’existe pas. Mais j’arrête là : on va croire que je suis méchant — et donc triste. *** Atiq Rahimi « Le passeur pachtoum » dixit L’Express , était partout. Et partout, on a lu et relu la même anecdote du livre de Marguerite Duras acheté avec ses premiers sous français. Je préfère relever du Goncourt 2008 cette belle formule que rapporte Ariane Chemin, dans les pages « Etranger » de l’Obs : quand on l’interroge sur sa religion, Atiq Rahimi répond : « Je suis bouddhiste parce que je suis conscient de mes faiblesses, chrétien parce que j’avoue ma faiblesse, juif parce que je me moque de ma faiblesse, musulman parce que je combats ma faiblesse, et je suis athée si Dieu est tout-puissant ». Avec « L’Afghan », les jurés de la place Gaillon auront-ils tiré le jackpot ? Sa Pierre de patience dépassera-t-elle, au finish, Où on va papa, de Jean-Louis Fournier. En tout cas, si l’on en croit Match , son éditeur, Jean-Marc Roberts, le patron de Stock, aurait fait le pari de 600 000 ventes. Mieux que Simone Veil. Roberts, il connaît pas la crise ! *** Le JDD nouvelle formule annonçait une exclusivité : les premières images du tournage de L’élégance du hérisson . En fait, l’Express l’aura doublé  de trois jours : dans les pages « Indiscrets », on y voyait Josiane Balasko, qui interprète Renée, la concierge du roman, dans sa loge — pardon, dans sa BNF. La photo m’a rappelé Mitterrand saisi par l’objectif de Gisèle Freund dans la bibliothèque de l’Elysée. Saisissant. Et Balasko est méconnaissable. Un césar du meilleur rôle en perspective ?

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