Choc unique dans l'histoire du cinéma français : en septembre sortent en salle deux adaptations de La guerre des boutons, le célèbre roman de Louis Pergaud, tombé dans le domaine public fin septembre 2010. Et pour corser l'affaire, Gaumont ressort en salle le 12 octobre une copie remastérisée du célèbre film d'Yves Robert, tourné en 1962.

CASTINGS SOLIDES

En septembre, duel en salles entre La guerre des boutons et La nouvelle guerre des boutons... auxquels s'ajoutera, le mois suivant, la sortie d'une version remasterisée du classique d'Yves Robert.

Première à entrer en piste, le 14 septembre, la réalisation signée Yann Samuell, avec Alain Chabat, Eric Elmosnino, Fred Testot et Mathilde Seigner. Même casting solide pour le film de Christophe Baratier, encore auréolé du triomphe des Choristes, en salle le 21 septembre : La nouvelle guerre des boutons, titre finalement choisi, réunit Kad Merad, Gérard Juniot, Laetitia Casta et Guillaume Canet. Et bien sûr, dans les deux cas, des hordes d'enfants sont là, car ce sont les vrais héros du roman. La lutte risque d'être âpre dans la promotion et au box-office. Elle devrait être aussi sensible sur les tables des librairies, car les nouvelles adaptations cinématographiques coïncident avec la tombée dans le domaine public du roman publié en 1912 au Mercure de France. Si plusieurs éditeurs ont inscrit le classique de Louis Pergaud dans leur catalogue (voir encadré ci-dessous), deux apparaissent principalement dans les rôles des clans rivaux du roman, les Longevernes et les Velrans : Gallimard et Hachette. Pour Gallimard, maison mère du Mercure, La guerre des boutons est tout naturellement dans le fonds de "Folio" : 1,5 million d'exemplaires en ont été vendus depuis la création de "Folio" en 1972, dans la version classique et en "Folio junior" (le livre est aussi disponible en "1 000 soleils"). Pour les remises en place liées à l'événement cinématographique, l'éditeur a décidé d'illustrer la couverture des 25 000 rééditions d'une photo extraite du film de Yann Samuell : "On a pu lire le scénario, il est très fidèle au roman", dit-on dans la maison. Chez Hachette, on a engagé un partenariat avec l'équipe du film de Christophe Baratier : le texte intégral est chez LGF (20 000 exemplaires au départ), une édition abrégée au Livre de poche Jeunesse (30 000 exemplaires), ainsi qu'un grand format proposant la novélisation et des photos du film (15 000 exemplaires). Il s'agit bien de novélisation, car Christophe Baratier a pris quelques libertés avec le texte et a notamment choisi de situer son action en 1945, en intégrant des faits totalement liés à cette période. "FiIm ou pas film, nous aurions de toute manière publié La guerre des boutons », dit-on au Livre de poche. Trois textes et des notes de l'auteur et de l'éditeur complètent l'édition classique.

PRIX GONCOURT 1910

On peut parier que Louis Pergaud n'a jamais imaginé qu'au XXIe siècle il serait au coeur de tels enjeux. La vie et l'oeuvre de cet instituteur de Franche-Comté, épris de poésie, passe aujourd'hui derrière la célébrité de son roman. On a même oublié qu'il a obtenu le prix Goncourt en 1910 pour De Goupil à Margot. Et même si les oeuvres de cet écrivain à la très brève carrière (il est mort au champ d'honneur en 1915) sont disponibles en "Folio", il reste un auteur emblématique du Mercure de France. Alors qui gagnera, de Christophe Baratier ou Yann Samuell ? Finalement, qu'importe. La sortie conjointe des deux films va permettre de découvrir ou redécouvrir un texte très moderne, vif et drôle, souvent rabelaisien, qui n'a pas uniquement sa place au rayon jeunesse.

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