17 septembre > BD France

Format à l’italienne, récit en voix off qui semble venir d’outre-tombe, graphisme au noir et blanc profond et aux cadrages impeccables… Love in vain est un album habité qui rend hommage à un artiste maudit à la trajectoire de météorite. Robert Johnson (1911-1938) est né dans le Mississippi des plantations de coton dans une famille plusieurs fois recomposée. Instable, insoumis, il sera porté par la musique, devenant une légende de la guitare blues, admiré par Jimi Hendrix, Bob Dylan ou les Rolling Stones, même s’il n’aura laissé, avec trois photos, qu’une trentaine de titres enregistrés.

Passionné de musique du Delta, Jean-Michel Dupont, au scénario, retrace avec soin une enfance et une adolescence contrariées et le malheur fondateur de la mort en couches, à seulement 19 ans, de la femme adorée du bluesman. Par la suite, son charme, son donjuanisme et son alcoolisme seront d’abord plus flagrants que son don pour la guitare, au point qu’une légende qu’il a lui-même entretenue attribue ce dernier à un pacte avec le diable. Mais de rencontres fécondes en représentations mémorables dans les rues défoncées de Hazlehurst, Robinsonville ou Helena, le style s’affine et les succès s’accumulent comme les conquêtes féminines. Ils le conduisent à New York, Chicago et jusqu’au Canada, avant un retour inexpliqué dans le Sud qui l’a vu naître, où il décède à 27 ans, achevé par une vie de débauche descendue sur un fleuve d’alcool.

Fondé sur un dessin parfaitement réaliste, le travail de Mezzo sur les ombres et la lumière, déjà éclatant dans la fameuse trilogie Le roi des mouches, avec Michel Pirus, restitue à merveille l’atmosphère de mystère dans laquelle éclôt ce génie fulgurant. On la retrouve aussi dans les sept grands dessins qui illustrent la reproduction des textes originaux, et de leur traduction par Jean-Michel Dupont, d’autant de chansons phares de l’artiste telles Come on in my kitchen, Sweet home Chicago et bien sûr… Love in vain. Fabrice Piault

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