Edition scolaire

La Hongrie nationalise les manuels scolaires

La Hongrie nationalise les manuels scolaires

A partir du 1er septembre 2014, les manuels scolaires seront conçus, publiés et fournis gratuitement par un organisme d'Etat.

Par Vincy Thomas,
avec AFP Créé le 20.12.2013 à 17h45

Le Parlement hongrois a adopté mardi 17 décembre une loi qui vise à nationaliser le marché des manuels scolaires, qui seront conçus et publiés par un organisme d'Etat, malgré l'opposition des maisons d'édition et des enseignants.

A partir du 1er septembre 2014, les manuels scolaires de la 1re à la 8e classe de l'école élémentaire (entre 6 et 14 ans) seront fournis gratuitement aux établissements scolaires par l'Etat hongrois, avec le choix entre deux manuels différents par matière et par niveau. En conséquence, il n'y aura plus que 500 manuels différents, contre environ 5 000 actuellement, selon les estimations du site d'information en ligne index.hu, qui chiffre également à 15 millions le nombre de livres vendus chaque année pour les classes concernées.

Oppositions nationales

"La liberté des instituteurs pour choisir leur méthode de travail sera compromise, et les écoles perdront leur autonomie réelle", a déploré Istvanné Gasko, présidente du Syndicat des enseignants. Un organisme d'État assurera la conception et la publication des manuels, laissant la prise en charge des commandes et les livraisons aux maisons d'édition, qui envisagent des poursuites judiciaires contre le gouvernement pour réclamer des dédommagements. Péter Laszlo Zentai, directeur de l'Association des éditeurs et libraires hongrois, a confirmé à l'Union Internationale des Editeurs, qu'il irait jusqu'à la court des droits de l'Homme de Strasbourg tout en reconnaissant que "si la court rend un verdict en notre faveur d'ici 3 ou 4 ans, une grande partie des éditeurs auront fait faillite d'ici là."

Le texte a été approuvé lors d'une procédure accélérée, par 236 voix pour, 73 contre et 2 abstentions. Le gouvernement ultra-conservateur et nationaliste, dirigé par le Premier ministre Viktor Orban, entend réformer le marché des manuels scolaires, estimant que les maisons d'édition ont pour seul objectif de "réaliser le maximum de bénéfices, en envoyant le maximum de livres aux écoles". Fait rarissime, deux députés du parti au pouvoir Fidesz ont voté contre le texte, dont Zoltan Pokorni, ministre de l'Éducation de 1998 à 2001.

Réactions internationales

L'Union Internationale des Editeurs a réagit mercredi en considérant cette loi comme une "résurgence d'une politique qui a échoué dans les pays du tiers-monde par le passé." Graham Taylor, président du comité Education de l'UIE, explique qu'il ne pensait jamais voir une telle régression en Europe : "Les enseignants doivent être libres de choisir les manuels qu'ils utilisent avec leurs élèves." L'UIE s'inquiète de la destruction du secteur de l'édition scolaire en Hongrie.

Dans un communiqué daté du vendredi 20 décembre, c'était au tour de la Fédération des éditeurs européens de s'alarmer. Piotr Marciszuk, président de la FEE, considère que "cette initiative va nuire fortement au secteur de l'édition en Hongrie mais aussi entraver le système éducatif dans son ensemble, (...) et limiter la liberté d'expression, au point d'affecter les performances et la compétitivité des jeunes hongrois".



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