7 janvier > Premier roman France

Architecte, docteur en urbanisme, Didier Laroque est professeur d’esthétique à l’université Paris-Diderot Paris-7. De là, peut-être, son goût pour le siècle des Lumières et ses écrivains-philosophes. Doté d’un fort tropisme italien, ancien pensionnaire de la villa Médicis à Rome, il a notamment consacré un essai à Piranèse. Tout ceci explique sans doute que, pour son premier roman, Laroque ait choisi de composer une savante variation autour non point tant des Liaisons dangereuses que de leur auteur, Pierre Choderlos de Laclos (1741-1803), officier sauvé de l’anonymat par la littérature. Un savoureux cocktail de roman d’aventures à la Dumas (père), de digressions philosophiques à la Rousseau (Jean-Jacques), écrit dans un style classique, élégant, un rien chantourné, «d’époque». Notamment les lettres que le héros, Benjamin Saint Trois de Becq, adresse à la belle et libertine Julie, nièce de son colonel, ou bien les réflexions qu’il note dans son Journal.

Comme Laclos, Benjamin, 20 ans en 1803, est officier, mais il rêve de devenir écrivain, et s’abandonne à des épanchements «philosophiques», à des méditations sur des ruines antiques vues par Hubert Robert. Heureusement, la mission ultra-secrète et apparemment périlleuse dont il se voit chargé - porter une missive à Choderlos de Laclos, commandant l’artillerie d’une armée française stationnée à Tarente - va le tirer de sa torpeur. Il en profite pour découvrir le pays, Turin - où il épouse en secret sa Julie venue le rejoindre -, Plaisance, Parme - où il est blessé, et amputé d’un bras -, Rome, Naples, Maratea, Métaponte… Et enfin Tarente, où il délivre son message à Laclos, recueille ses ultimes paroles et recommandations, et son dernier souffle. Avec une surprise à la clef, laquelle explique toute l’histoire. Chemin chevauchant, Benjamin digresse sur les peintres, Vignon ou Poussin, songe à son premier livre, un Traité de la grandeur (coïncidence : Laroque, lui, prépare un Essai sur la grandeur), ou doute que Julie veuille encore d’«un jeune Nelson blême». Mais Madame Saint Trois a son homme dans la peau, et la nouvelle qu’il lui annoncera, lors de leurs retrouvailles prévues à Bologne, la confortera dans ses sentiments. Cela, le lecteur n’y assiste pas, mais tout laisse présager un épilogue heureux à ce roman d’apprentissage stendhalien.

J.-C. P.

 

 

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