Si Florence Veyrié, fondatrice et gérante de La Maison jaune à Neuville-sur-Saône (Rhône-Alpes) est fidèle aux Rencontres nationales de la librairie (RNL), et sera présente à Lille les 21 et 22 juin prochains, c’est avant tout parce qu’elle croit en la force du collectif. "Les Rencontres sont nécessaires pour se connaître, partager les difficultés comme les réussites, et réfléchir ensemble sur notre métier. Elles contribuent ainsi au développement d’une intelligence collective et, en permettant aux libraires de mieux maîtriser leur activité et de se saisir de leur cause, elles les poussent à devenir des acteurs de leur progrès sans attendre uniquement des solutions venant de l’extérieur", soutient la libraire.
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Répondre aux "injonctions"
Cette conviction, Florence Veyrié se l’est forgée très vite. Dès les premières années d’activité de sa librairie, qu’elle créé en 2005, cette ex-chargée de projets en milieu associatif a "beaucoup de questions et personne à qui les poser". Dès lors, pour rompre son isolement, elle s’implique activement dans la création de l’association Libraires en Rhône-Alpes, qu’elle copréside aujourd’hui, et qui approche la centaine d’adhérents. "Grâce à nos actions de communication, nous avons pu faire comprendre que les libraires ont besoin du soutien du public, expose Florence Veyrié. Mais, surtout, avec ce collectif, nous avons pris du poids et résistons mieux aux différentes pressions, commerciales comme éditoriales, que subit la profession." La libraire s’estime également mieux armée pour répondre aux multiples "injonctions" qui lui sont faites : assurer des délais de livraison performants, prodiguer du conseil, piloter au plus près la gestion de son entreprise, tout en assurant un rôle d’animateur culturel et en offrant un "joli lieu de vie", un aspect auquel elle reste d’ailleurs attentive.
Avec son parquet et ses tables en bois, ses étagères blanches impeccablement rangées, sa signalétique rouge tout en rondeur, son éclairage ciblé, ses coups de cœur en forme de cœurs fabriqués main, et une présentation de l’offre privilégiant la visibilité au nombre, La Maison jaune dégage en effet une atmosphère mariant convivialité, confort et professionnalisme, où les clients se sentent accueillis et sont invités à prendre leur temps. Sujet d’une des tables rondes des RNL, la "force du lieu constitue un outil de fidélisation ultra efficace. Ici, les gens sont attachés à la boutique", estime Florence Veyrié qui travaille sans relâche pour "rendre ces liens encore plus forts". Embauche de jeunes libraires, pour "favoriser l’identification et la fréquentation des jeunes adultes", club de lecture ado, "afin qu’ils puissent se retrouver et discuter entre eux à la librairie", lectures dans la rue, boissons offertes, tout est envisagé à La Maison jaune pour surprendre les gens et privilégier la proximité et le lien social. "Le libraire omniscient et solitaire, tel un mandarin, ne correspond plus aux attentes d’aujourd’hui", pointe la libraire, qui insuffle également cet esprit à la librairie Baume de Montélimar, un ex-Chapitre qu’elle a repris avec son époux fin 2013 "pour ne pas laisser mourir une librairie rentable, qui bénéficie d’un emplacement idéal et d’une équipe expérimentée et ultra performante".

