Résistance, accueil, sauvetage. Ces trois mots peuvent être accolés à l’histoire du Chambon-sur-Lignon, un village sur un plateau, en plein cœur d’une enclave huguenote aux portes de l’Auvergne catholique, qui a beaucoup fait pour l’honneur de la France et notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’édification d’un musée en mai prochain est l’occasion de demander à quelques historiens de retracer l’aventure de ces héros ordinaires. Il est moins question d’édifier un lieu de mémoire que de rappeler, de préserver et d’expliquer la mémoire du lieu. Ce qui s’est passé, ce qui s’y est fait et pourquoi. C’est à ces questions que répondent ces spécialistes, parmi lesquels Patrick Cabanel, Philippe Joutard, Jacques Sémelin ou Annette Wieviorka, pour mieux comprendre ce plateau du Velay, entre Haute-Loire et Ardèche, un pays rude, qui ferait presque oublier la générosité des habitants. Ce sont eux qui en ont fait la « Montagne refuge » pour les Juifs comme pour les résistants, un acte de bravoure et d’humanisme qui a valu au pays de Chambon un diplôme d’honneur collectif décerné par l’institut Yad Vashem.

Hostile à Vichy, inspirée par les pasteurs André Trocmé et Edouard Theis, cette communauté entra dans une résistance spirituelle par des actions concrètes, en cachant des centaines d’enfants et d’adultes, juifs et non juifs, avant de les exfiltrer pour la plupart vers la Suisse. Grâce à ces gens simples, l’écrivain André Chouraqui mais aussi des philosophes comme Jacob Godin ou Georges Vajda, ou bien encore des historiens comme Léon Poliakov ou Jules Isaac, auteur d’un manuel avec Albert Malet, ont échappé à l’extermination.

Un texte de Patrick Gérard Henry rappelle aussi qu’Albert Camus séjourna aux environs du Chambon-sur-Lignon en 1942 où il commença la rédaction de La peste publié en 1947. Il fut sensible à cette fraternité, et des personnages de son roman ont été inspirés par ce christianisme social.

Géographique, ethnographique et historique, un livre mémorial pour comprendre cette « Montagne » calviniste qui résista avec la simplicité et l’évidence du devoir, un ouvrage de synthèse où les nombreuses illustrations et documents rendent hommage à ces Justes du « Plateau ». L. L.