8 septembre > roman Espagne

En cette ère de l’individualisme, le collectif peut sembler à contre-courant. Aussi exerce-t-il une certaine attraction. Tel est le point de départ d’un roman perturbant et fascinant. La pièce obscure est un lieu mystérieux imaginé par Isaac Rosa. Né à Séville en 1974, celui-ci est considéré comme l’une des nouvelles voix de son pays. La mémoire vaine a été couronné par le prix Rómulo-Gallegos, l’équivalent sud-américain du Nobel. Il évoque une forme d’amnésie contemporaine concernant le franquisme.

Cette fiction générationnelle se déroule dans une Espagne qui a vu naître la démocratie et la crise, deux moments clefs qui ont suscité l’espoir puis la désillusion. Ces sentiments sont partagés par les protagonistes du roman. Il s’agit d’un groupe d’amis désireux de se retrouver pour refaire le monde, au travers d’échanges, d’expérimentations relationnelles et sensuelles. "Impossible de raconter l’histoire de nos vies pendant ces quinze dernières années sans parler de la pièce obscure. Un puits dans lequel se jettent toutes les vies."

Dans ce sous-sol, hermétique à la lumière, les corps se libèrent, prennent possession les uns des autres pour n’en former qu’un. Refuge pour les uns, drogue pour les autres, ce havre de transgression abrite toutes les émotions. Mais au fil des années, les liens vont se dégrader. A l’image de l’Espagne, coincée dans une impasse économique et sociale. Un changement d’époque, dont les héros ont l’impression d’être "des spectateurs de l’écroulement". L’utopie du pays en a pris un coup, il en va de même de cette bande de copains qui doivent se réinventer malgré la chute. Kerenn Elkaïm

24.08 2016

Auteurs cités

Les dernières
actualités