Ceci est la pauvre histoire de Venance, un jeune Sénégalais de Saint-Louis, qui n’a pas eu que du bonheur. Après avoir vécu en France une existence de paria, il s’est fait embarquer par la police, a transité par un centre de rétention, et a fini par revenir au pays, expulsé, mais mort.
Flash-back : après la mort de son père, puis celle accidentelle de son petit frère Moussa, noyé, Venance est envoyé en France grâce à l’argent de son frère aîné, devenu un caïd de Dakar. Etudiant clandestin, il fait de son mieux pour s’intégrer, et ne rêve que de régularisation. Pierrot, le patron du restaurant où il travaille, lui a promis de l’aider. Mais Pierrot est très malade, et son fils Serge, une ordure de dealer, va tout faire capoter : l’affaire, les employés, et les espoirs de Venance.
Dans sa morne vie, une éclaircie : le jeune Sénégalais rencontre Georgia, une Blanche bien plus paumée que lui. Peintre rebelle, alcoolo, toxico, elle écoute en boucle du Joy Division dans son baladeur. Coup de foudre. Venance héberge Georgia, ils font quelquefois l’amour. Mais elle n’est pas du genre à s’attacher. Elle a rendez-vous, quelque part, avec son destin tragique, incarné par Samba, un autre Africain, voyou, trafiquant de drogue et proxénète. Avant de partir, elle aura tenté de se raconter à son ami, dans un récit halluciné à la troisième personne, sous amphétamines…
Georgia de Julien Delmaireest un premier roman peu banal, qui peut se lire comme un réquisitoire contre la situation ubuesque réservée en France aux immigrés illégaux, sans-papiers, empêchés de travailler et donc de s’intégrer. Et un plaidoyer « tiers-mondiste », un peu manichéen, porté par une rage sourde, dans un style tenu, poétique, un peu trop parfois. N’est pas Tchicaya U Tam’si qui veut. J.-C. P.
