Le zombie, c'est le personnage de l'après-catastrophe. La philosophie du zombie consiste donc à s'interroger sur la notion d'apocalypse. Et pour cela, rien de mieux que de puiser dans le cinéma, grand pourvoyeur de créatures de ce genre avec la fameuse trilogie des morts vivants de George Romero.
Professeur en histoire de l'art à l'université Laval, à Québec, Maxime Coulombe étudie les représentations de la société contemporaine. On lui doit déjà deux ouvrages : Imaginer le posthumain (Presses de l'université Laval, 2009) et Le monde sans fin des jeux vidéo (Puf, 2010). Cette fois, il s'empare d'un autre symptôme, le zombie haïtien des cultes vaudous transformé par la culture populaire américaine.
Maxime Coulombe ne s'affiche pas comme un zélateur du zombie. Il veut simplement nous montrer ce qu'il nous dit de la société, des hommes et de cette "inquiétante étrangeté" analysée par Freud. D'ailleurs sa Petite philosophie du zombie fait notamment appel à Deleuze, Didi-Huberman, Aby Warburg, Agamben, Foucault ou ?i?ek.
Figure grotesque, le zombie est un corps sans sujet, sans pensée, sans conscience de soi. Abject, troué et sans frontières, il s'oppose au corps lisse et délimité de la pub et du docteur Dukan. Il révèle la zone d'ombre du monde et notre incapacité à rêver un autre futur dans notre déni de la mort.
Donc, ne zappons pas le zombie ! Il terrorise, certes, mais surtout il porte le doute sur la singularité de l'homme et de la société occidentale. C'est pourquoi la philosophie de ce petit guide très malin peut se résumer à : les morts vivants ont beaucoup de choses à nous apprendre sur la vie...

