Oscar Mandel est poète, traducteur, notamment de Marivaux, fabuliste et dramaturge. Il est né à Anvers en 1926 dans une famille juive dont il avoue n'avoir jamais compris les rites. A la déclaration de guerre, il fuit avec ses parents aux Etats-Unis. Professeur émérite de littérature au California Institute of Technology, écrivant à la fois en français et en anglais, il partage son temps et son oeuvre entre les deux continents. "Parvenu à l'âge d'homme au moment où Hitler expirait dans son bunker", il s'interroge sur les raisons de l'extermination et sur son judaïsme. Etre ou ne pas être juif ? Telle est en effet la question de cet essai très personnel qui gravite autour de la Shoah, de ses représentations, de l'antisémitisme et de la visibilité des religions dans nos sociétés.
Oscar Mandel sait qu'il ne peut oublier Auschwitz. Il n'en est d'ailleurs pas question. Il veut simplement le dépasser. Pour vivre, pour continuer, parce que l'avenir n'est pas qu'une réhabilitation du passé. Mais peut-on pour autant faire d'Auschwitz un objet littéraire ? "Il y a, en moi, des douleurs qui se refusent à l'art."
Sur ce passé, Mandel ne fait pas table rase. Mais il se demande pourquoi cet art qu'il qualifie de "terrible" est toujours si présent, comme s'il y avait une sorte d'ambiguïté dans ce jeu avec le mal : "On ne peut plaire avec une oeuvre d'art dont le sujet est la torture sans trahir la vérité nue sur la torture. Et on ne peut représenter la torture dans toute sa hideuse vérité sans trahir l'art."
Nul doute que ce petit texte, écrit d'une plume alerte, fera réagir. Il s'y exprime en tout cas la sincérité d'un écrivain qui porte un regard inquiet sur l'histoire et la folie des hommes.

