11 septembre > roman Etats-Unis

Le nouveau roman de Joseph Kanon a un décor, un paysage. L’auteur de L’ami allemand (Belfond, 2003) propose un voyage vers Istanbul. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville a été un terrain neutre. Voici une cité qui a tout vu, que plus rien n’étonne, où l’on est toujours à cheval "sur deux strates de différentes époques". On y suivra les aventures de Leon Bauer. Celui-ci a connu sa femme Anna à Berlin où ils sont restés jusqu’à la Nuit de cristal. Anna, il la visite désormais à la clinique depuis qu’elle s’est repliée sur elle-même. Pour la façade, Leon travaille dans le commerce du tabac, dans l’import-export. Il lui arrive aussi de rendre des petits services puisqu’il connaît beaucoup de monde à Istanbul. D’accepter des missions pour Washington après avoir bu des verres, le soir au bar du Park, avec Tommy King du consulat. La dernière en date consiste à récupérer et exfiltrer un homme du pays. Un tour de passe-passe censé être sans danger. Sauf que l’inconnu intéresse autant les Américains que les Russes. Un Roumain qui pourrait avoir participé aux exactions de la Garde de fer…

Meilleur que jamais, Joseph Kanon transporte le lecteur dans un nid d’espions où il fait bon se perdre. Difficile de ne pas s’attacher à son mélancolique héros. Ce Leon, client d’une fascinante prostituée arménienne, qui va devoir composer avec les forces en présence pour sauver sa peau. Intelligent et lancinant, Le passager d’Istanbul enchantera les amateurs d’Eric Ambler et d’Alan Furst. Al. F.

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