Essai/France 5 septembre Eric Neuhoff

Ce que c'est qu'un homme amoureux lorsque l'amour s'en est allé. La tristesse de tout ça. Eric Neuhoff est un écrivain dont l'une des activités principales consiste à s'enfermer dans des salles obscures pour aller voir des films et en rendre compte sur les ondes. Parfois, souvent, ils sont français. Presque toujours, il ne s'en remet pas. En cause, un cinéma nombriliste, gâché par un système profondément incestueux, attrape-gogo, attrape-bourgeois et encouragé par une presse complice et paresseuse. Rien que ça. Rien ne trouve grâce à ses yeux, ni les histoires (quelles histoires ? d'ailleurs), ni les acteurs (il faut lire comment il s'attaque au « mythe » Isabelle Huppert, « reine-mère » de ce cinéma exsangue), ni la mise en scène. Hormis Desplechin, tout le monde en prend pour son grade avec une férocité et un humour de bon aloi. 

Mais que l'on ne s'y trompe pas, c'est un récit de deuil - et élégant en plus - dont il s'agit ici. Neuhoff a le regret qui dure. Où sont passés, parmi tant d'autres, la nuque de Romy Schneider lorsque Claude Sautet la filmait, les salles des Champs-Elysées, Clermont-Ferrand filmé par Rohmer, les dialogues d'Audiard et ceux de Pascal Jardin, les night-clubs de Melville, et pourquoi Maurice Ronet ne rôde-t-il plus au bar du Pont-Royal ? Où est passé le style, nom de Dieu ou de Truffaut ? Il flâne ici dans la mémoire amoureuse d'un enfant du midi à qui l'on a cassé le plus beau de ses jouets. 

Éric Neuhoff
(Très) cher cinéma français
Albin Michel
Tirage: NC
Prix: 14 euros ; 144 p.
ISBN: 9782226445520

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