TRIBUNE

"Il y a tout juste un an, les libraires francophones d'Egypte lançaient un appel à l'aide suite à la révolution égyptienne qui avait entraîné 20 jours de fermeture des librairies. Aucune reprise ne se faisait sentir. Depuis un an, les libraires font face à une situation extrêmement compliquée et très défavorable au développement de leur activité commerciale [...]. Durant toute cette période, les libraires francophones ont continué à travailler, à honorer leurs échéances sans aucun impayé à ce jour, et ce malgré une baisse de 50 % des garanties Coface durant l'été.

Le 21 mars 2012, tous les libraires francophones d'Egypte ont reçu un mail de la Centrale de l'édition leur annonçant la suppression totale des garanties Coface sur l'Egypte, effective pour les libraires à compter du 9 mai.

Cette décision a été ressentie par les libraires comme le couperet d'une guillotine pour les raisons suivantes : elle intervient un mois avant le début des commandes scolaires qui génèrent plus de 60 % du chiffre d'affaires des libraires ; de ce fait, elle oblige les libraires à payer d'avance sur proforma toute commande (transport inclus) qui sera passée en France après le 9 mai. A l'arrivée, les libraires devront également payer comptant les taxes douanières et les frais de dédouanement. Cela équivaut à une mise à mort du réseau des libraires francophones d'Egypte.

Aujourd'hui, quelles options s'offrent à nous pour essayer de sauver notre activité ? Aucune école ne validera de commande scolaire avant le 9 mai. Quasiment aucun établissement scolaire n'acceptera ou ne pourra se permettre de payer 50 % de sa commande à l'avance (les frais de scolarité étant réglés par les familles en septembre). Même l'Institut français ne pourra pas décaisser 50 % des commandes à l'avance, étant donné qu'il paye sur service fait. [...]

Nous exerçons tous notre métier avec passion, engagement, sérieux. Nous sommes conscients d'être les piliers d'une francophonie malheureusement fragile en Egypte. Certains des libraires signataires ont plus de 50 années d'existence et malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées, nous n'avons pas baissé les bras et nous avons tous payé nos factures. La solution ne peut pas venir d'Egypte. Aussi, nous vous demandons, éditeurs, institutionnels, partenaires des libraires à l'étranger de vous mettre autour d'une table pour aborder ce sujet, le plus vite possible car il y a urgence. Nous ne vous demandons pas d'argent, mais juste une aide logistique afin de garantir nos commandes, ce qui assurera le suivi de notre activité commerciale et la pérennisation du réseau de libraires francophones. [...] "

Zeina Badran (Les Livres de France), Agnès Debiage (Oum El Dounia), Alain Hourian (Librairie franco-égyptienne), Hanan Mahrous (Librairie francophone), Nadim Marrache (Plaisir de lire), Nourhane Nabil (Librairie Renaissance), André Ragheb (Distri-Books), Gehane Rizkallah (Les Amis du livre).

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